Certains automobilistes ont sans doute dû se frotter les yeux pour s'assurer qu'ils n'étaient pas devenus fous. Ces derniers jours, plusieurs panneaux d'entrée dans de nombreuses communes de l'Hexagone étaient bel et bien positionnés à l'envers. Si l'étonnement suscité peut prêter à rire, les agriculteurs, à l'origine de cette initiative, n'ont pas franchement l'esprit blagueur.
À travers cette action insolite, initiée dans le Tarn, plusieurs Fédérations départementales des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) entendent dénoncer une série de règlementations et de restrictions, auxquelles ils doivent se plier et qui, selon eux, entravent l'exercice de leurs professions. L'initiative s'est ensuite propagé sur les réseaux sociaux à travers le hashtag "On marche sur la tête", tout attaché.
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— Jeunes Agriculteurs Deux-Sèvres (@jeunesagris79) November 17, 2023
Plus d'accompagnement de l'État
Les exploitants interpellent ainsi le gouvernement qui leur impose "de plus en plus de normes à respecter, alors que la plupart des produits importés n'y répondent pas". Mais aussi l'absence d'alternatives crédibles proposées. "Il faut toujours respecter plus de normes, de restrictions, mais personne ne s'assure que nous avons les moyens d'y répondre", dénoncent-ils. "On va nous retaxer notre GNR, qui est notre fuel pour les tracteurs alors qu'il n'y a pas d'alternative. Il n'existe pas de tracteur électrique. Les taxes sur les phytosanitaires vont augmenter de 23%, la redevance sur l'eau va aussi fortement augmenter", énumère encore Denis Jamet, président de la FDSEA du Cher, auprès de France Bleu.
De façon générale, ces agriculteurs réclament davantage d'accompagnement de l'État pour assurer leur transition écologique. Mais aussi l'abandon ou l'application d'un certain nombre de mesures. Dans leur viseur, souligne France 3 Bretagne, le maintien des prairies permanentes, une disposition adoptée dans le cadre de la PAC (politique agricole commune), qui oblige les exploitants à respecter un pourcentage minimum de prairies non labourées.
Respect de la loi EGAlim
À l'inverse, ils réclament l'application de la loi EGAlim, censée protéger leur rémunération en limitant les ventes à perte et les promotions en grande surface. "La loi est bien faite. Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'amende quand elle n'est pas respectée par des transformateurs ou des supermarchés", déplore Pacal Gouttenoire, président de la FDSEA Rhône, auprès de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Les participants à cette initiative vantent une "action pacifique" et se disent "convaincus qu'un modèle permettant de répondre en même temps à nos besoins et plus largement aux enjeux sociétaux est possible en France".