La quasi-totalité des Français peut boire sans crainte l'eau du robinet, mais 2,8 millions de personnes n'ont accès qu'à une eau polluée notamment par des pesticides, des nitrates ou du plomb, indique jeudi une étude de l'UFC-Que Choisir.
2,8 millions de personnes n'ont pas d'eau conforme. "Le constat global est très rassurant", estime l'association de consommateurs qui a analysé les réseaux desservant les 36.600 communes de France, sur la base de données du ministère de la Santé : 95,6% des consommateurs bénéficient d'une eau qui "respecte haut la main la totalité des limites réglementaires, et ce tout au long de l'année". Mais 2,8 millions de personnes, essentiellement des habitants de petites communes rurales, "reçoivent une eau non-conforme", déplore-t-elle. La faute surtout aux pollutions agricoles par les pesticides et les nitrates, selon l'ONG.
Pesticides, nitrates et "contaminations bactériennes". Les pesticides sont "de loin" la première cause de non-conformité. Ils contaminent l'eau de 2 millions de consommateurs, principalement ruraux, dans les régions d'agriculture intensive. "Les molécules retrouvées sont essentiellement des herbicides", comme l'atrazine, un herbicide "désormais interdit mais (...) particulièrement rémanent dans l'environnement", précise l'UFC. Les nitrates, quant à eux, polluent l'eau de près de 200.000 consommateurs, en particulier dans le Loiret, la Seine-et-Marne, l'Yonne, l'Aube, la Marne, le Pas-de-Calais et la Somme.
Troisième pollution : des "contaminations bactériennes dues aux défauts de surveillance ou à la vétusté des installations". Elles concernent 200.000 personnes et touchent surtout les petites communes rurales de montagne des Alpes, du Massif central et des Pyrénées.
Des "composants toxiques" dans les canalisations. L'UFC-Que Choisir alerte aussi sur la présence de "composants toxiques" dans les canalisations des logements : du plomb, du cuivre, du nickel ou du chlorure de vinyle, "relargués par des canalisations vétustes ou corrodées". Elle souligne que cette pollution aux composants toxiques est mal mesurée, du fait d'"un très faible nombre de prélèvements" qui "ne permettent pas de connaître l'exposition réelle des consommateurs".
L'alerte est donnée depuis longtemps. L'ONG juge les différentes pollutions de l'eau du robinet "d'autant moins acceptables que l'alerte est donnée depuis longtemps et que les bons remèdes ne sont toujours pas appliqués". Si l'eau du robinet est presque partout conforme aux normes, "ce n'est pas parce que l'agriculture aurait amendé ses pratiques" mais à cause d'une "coûteuse dépollution financée à 87% par les consommateurs et seulement à 6% par les agriculteurs", affirme l'UFC.
Le principe du "pollueur-payeur". L'association réclame l'application du principe "pollueur-payeur" notamment par une augmentation de la taxation des pesticides, "un audit national" des composants toxiques des canalisations et une aide aux particuliers pour remplacer leurs canalisations en cas de pollution au plomb. Les consommateurs peuvent se renseigner sur la qualité de l'eau de leur robinet en consultant une carte interactive sur le site de l'association.