A quoi va ressembler l'école d'Emmanuel Macron ? Le président de la République, fraîchement élu, entend bien s'atteler aux questions d'éducation dès les début de son mandat. Certaines réformes pourraient être mises en place dès la rentrée prochaine. Un chantier qu'il estime prioritaire "pour garantir la cohésion sociale et la prospérité de la France", décrit dans son programme. Mais comment va-t-il s'y prendre ? Que veut-il modifier ? Le député écologiste François de Rugy, soutient d'Emmanuel Macron et qui a représenté le candidat lors de la campagne sur les questions éducatives nous éclaire.
Petite enfance : vers plus de transparence
Emmanuel Macron entend "faire de la crèche un instrument de la lutte contre les inégalités", en obligeant les communes à publier en ligne leurs critères d'attribution des places en crèche. L'objectif de cette mesure est de rendre moins opaque ce système d'attribution. "On sait que dans les grandes villes il existe un déficit structurel de places en crèche. Or les parents ignorent parfois pourquoi leur demande a été refusée ou acceptée", souligne François de Rugy. Avec cette mesure, Emmanuel Macron assure aussi vouloir faire la chasse aux "pistons". "C'est un combat mené depuis longtemps par l'association "Maman travail", dont la présidente de l'association Marlène Schiappa est un soutien d'Emmanuel Macron", ajoute le député de Loire-Atlantique.
Primaire : zones d'éducation prioritaire et modification des rythmes scolaires
Diviser par deux le nombre d'élèves par classe en CP et CE1. Le président élu assure vouloir donner "la priorité au primaire", en renforçant l'individualisation des apprentissages. Concrètement, il souhaite diviser par deux le nombre d'élèves par classe en CP et CE1 dans les zones d'éducation prioritaire. Environ 12.000 classes en France sont concernées.
Les classes de CP de ZEP devraient profiter de cette mesure dès la rentrée 2017. "Si les établissements n'ont pas à disposition des locaux, deux professeurs des écoles pourront partager une même salle de façon provisoire", explique François de Rugy. "On proposera un coup de pouce financier aux communes afin de les aider à réaliser les travaux s'il est nécessaire de construire des salles de classes", ajoute-t-il sans donner de précisions sur les sources de financement. Pour les CE1, il faudra attendre la rentrée 2018, avant de réduire le nombre d'élèves dans ces classes là.
Les 12.000 nouveaux enseignants nécessaires à la mise en place de cette mesure seront pour partie des créations nouvelles de postes (environ 5.000) et pour partie des embauches qu'il reste à faire sur les 60.000 programmées pour le quinquennat de François Hollande. Ces nouveaux postes seront financés "en redéployant les moyens et en particulier en faisant des économies dans d'autres parties de l'éducation", avait précisé Emmanuel Macron en janvier dernier.
Mais ces explications ne suffisent pas pour rassurer certains syndicats d'enseignants et notamment le syndicat Snuipp Fsu qui dit craindre, dans un communiqué publié lundi, que "les effectifs abaissés ici", entraînent "mécaniquement des hausses ailleurs".
La fin des rythmes scolaires ? Les communes auront aussi la possibilité de revenir ou non sur la réforme des rythmes scolaires. Cette réforme, mise en place en 2013, a changé l'organisation du temps éducatif dans les écoles et permet de concentrer les apprentissages importants (lecture, écriture et calcul) sur cinq matinées au lieu de quatre auparavant, soit en général, le lundi, mardi, mercredi, jeudi et vendredi. Mais cette réforme a été vivement contestée. Une partie des parents et enseignants assurant que ces nouveaux rythmes fatiguent davantage les petits.
"C'est une adaptation de la réforme", assure mercredi François de Rugy. "On ne veut pas obliger les communes à revenir à la semaine de quatre jours, mais on se rend compte qu'elles ont eu l'impression de récupérer un fardeau. On souhaite qu'un assouplissement soit possible". Dans les faits, chaque commune devrait pouvoir choisir le rythme qui lui convient le mieux. "Personne ne sera obligé de changer", insiste François de Rugy. Les communes pourront également choisir de maintenir ou non les activités périscolaires. Et elles auront jusqu'à 2019 pour trancher.
Une disposition qui laisse Najat Vallaud Belkacem, l'actuelle ministre de l'Education, sceptique. "Ça veut dire quoi 'laisser le choix aux communes?' Où est l'Education nationale?", s'est-elle interrogée en mars dernier. Selon elle, repasser à une semaine de quatre jours aurait pour conséquence notamment de priver les enfants des milieux défavorisés d'accès à la culture via les activités périscolaires.
Collège : vers plus d'autonomie
Ça bouge aussi du côté du collège. Emmanuel Macron prévoit de ressusciter les sections européennes et les classes bilangues (l'apprentissage de deux langues dès la 6e) dans les établissements qui le souhaitent. Ces dernières avaient disparu à la rentrée 2015 avec la mise en place de la réforme du collège menée par la ministre Najat Vallaud Belkacem. Ce qui n'avait pas manqué de susciter des critiques de la part des profs, des parents et des élus.
Avec Macron, exit aussi "l'enseignement pratique interdisciplinaire" consacré aux langues et cultures de l'Antiquité, qui avait remplacé en 2015 les options grec et latin. Les langues anciennes devraient faire leur grand retour dans les collèges qui en font le choix. L'idée est là encore de "donner plus d'autonomie" aux établissement, précise François de Rugy. "En revanche nous ne voulons pas remettre en cause l'apprentissage de la deuxième langue dès la classe de 5e (mis en place aussi lors de cette réforme du collège)", précise le député.
Lycée : un nouveau bac
Autre chantier : le baccalauréat. S'il ne propose pas de le démanteler, Emmanuel Macron souhaite lui donner un coup de jeune. Entendez revoir sa "forme". Le Bac à la Macron, ce ne serait que quatre matières obligatoires à passer en fin d'année. Le reste des matières seront évaluées, elles, en contrôle continu. "Le bachotage existe et il n'y a pas toujours d'effort au long cours. Ce mode d'évaluation permettrait ainsi aux élèves de sortir du lycée avec un socle de connaissance plus solide", pointe François de Rugy.
Précision, le choix des quatre matières à passer, pourraient être laissé à la préférence de l'élève. "On s'adaptera en fonction des jeunes et en fonction des filières", ajoute le député. "Mais certaines matières pourraient être obligatoires, comme le Français par exemple", nuance-t-il. La mise en place est prévue "au mieux" en 2018.