L’école a repris il y a une semaine avec cette petite nouveauté en Alsace : pour la première fois dans des écoles maternelles publiques, les enfants peuvent apprendre l’alsacien. Quatre classes trilingues immersives ont ouvert à Brumath, Sélestat, Colmar et Altkirch.
L’alsacien est désormais enseigné dans quatre écoles maternelles du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, une manière de préserver une langue régionale de moins en moins parlée par les jeunes. Les professeurs s’adressent 75% du temps en allemand et en alsacien à leurs élèves et 25% du temps en français. Les enseignants et parents en sont convaincus, cela représente un atout majeur pour la nouvelle génération. Pour l'occasion, Europe 1 s'est rendue dans l’une de ces classes immersives, à Altkirch dans le Haut-Rhin.
"Ce sont des éponges, ils intègrent beaucoup plus facilement les langues"
Cet après-midi-là, on apprend les couleurs dans la classe immersive de l’école maternelle Saint-Morand, à Altkirch (Haut-Rhin). D’abord en allemand : "blau" (bleu), puis en alsacien : "blàui". La classe se fait 75% du temps dans ces deux langues très proches. Le reste du temps, les cours sont en français.
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16 élèves de la petite à la grande section de maternelle sont inscrits à ce tout nouveau cursus. "Quand ils sont petits, ce sont des éponges, ils intègrent beaucoup plus facilement les langues", assure Christine Ruetsch, leur professeure. "Ils apprendront ensuite beaucoup plus facilement une quatrième, une cinquième langue", poursuit-elle, ravie de jongler ainsi entre l’alsacien, l’allemand et le français depuis cette rentrée 2023.
"On est attachés à la région et cette langue se perd"
À la sortie de la classe, Emilie vient récupérer ses deux enfants. Sa fille, en première section, et son fils, en moyenne section, sont tous deux inscrits dans cette nouvelle classe immersive. "Mon conjoint n’a pas de parents alsaciens, moi oui", raconte-t-elle. "J’ai été un peu frustrée de ne pas le parler aussi bien que je l’aurais souhaité parce qu’on habite une région limitrophe. L’alsacien sert aussi pour parler l’allemand et le suisse", explique la jeune maman.
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C’est également parce que l’alsacien se perd au fil des ans, qu’il n’est plus parlé essentiellement que par les personnes âgées, qu’Emilie et son conjoint ont décidé d’inscrire leurs enfants dans cette classe : "On est attachés à la région et comme cette langue se perd et qu’on trouve cela dommage, on s’est dit que c’était bien". Trois autres classes comme celle-ci ont ouvert il y a une semaine dans d’autres écoles publiques alsaciennes : à Brumath, Sélestat dans le Bas-Rhin et Colmar dans le Haut-Rhin. En tout, 55 élèves sont inscrits dans ces quatre classes immersives.