Ce 18 mars est marqué par la Journée internationale du recyclage. Le tri des déchets dans les poubelles jaunes ou vertes rentre progressivement dans les habitudes des Français, mais la communication autour du tri et du recyclage porte-t-elle réellement ses fruits ? Selon les matériaux, le recyclage en France est très inégal. Certes, 96% des emballages en papier et en carton sont recyclés de même que 76% du verre. Mais ces chiffres très satisfaisants sont à mettre en balance avec ceux du plastique, beaucoup moins flatteurs : seulement 1 à 2% des tous les plastiques sont recyclés
Des écarts importants selon les matériaux
Il s'agit en fait essentiellement des bouteilles en plastique qui sont concernées, explique Nathalie Gontard, directrice de recherches à l'Inra. "Celles-ci sont broyées, nettoyées, décontaminées pour ensuite refabriquer soit des bouteilles, soit des barquettes." Ces écarts s'expliquent par la multitude des types de plastique : il existe de nombreux plastiques différents avec autant de caractéristiques et de méthodes de recyclage. Il faudrait une filière pour chacun d'entre eux, chose difficile à organiser.
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Le tri sélectif des déchets à la maison n'appelle qu'à être optimisé. Dans le cas du verre, il est envisageable de réutiliser plusieurs fois les bouteilles avant de les recycler. Elles sont actuellement recyclées trop tôt, parfois même dès la première utilisation. Il faut aussi que ce tri soit mieux réalisé. Les Français mettent encore 40% de déchets qui pourraient être recyclés dans leurs bacs à ordures ménagères.
Une industrie pas totalement neutre
Le recyclage des déchets en France permet d'éviter l'équivalent de 5% des émissions de CO2 annuelles. Mais contrairement à une idée reçue, le recyclage n'est pas une industrie totalement non-polluante. Elle nécessite de l'eau et de l'électricité. "Le recyclage ne se fait pas à l'infini sans aucune perte, au contraire", explique Flore Berlingen auteure du livre "Recyclage, le grand enfumage".
Prenant l'exemple du plastique, elle décrit un serpent qui se mord la queue : "La perte de qualité à chaque cycle de recyclage est importante. Cela oblige donc à ajouter de la matière première vierge, c'est à dire du plastique issu du pétrole."
Des innovations en perspective
Il n'en demeure pas moins qu'il vaut toujours mieux recycler que rejeter dans la nature. Certaines entreprises continuent d'innover dans le domaine. La firme Carbios, par exemple, a peut-être trouvé une solution concernant le plastique : elle a mis au point des enzymes capables de dégrader les différents plastiques, qu'ils viennent des emballages, des bouteilles ou encore de nos vêtements.
Il y a aussi la possibilité de fabriquer du plastique à partir d'écailles de poisson biodégradables... mais l'enjeu devient alors de ne pas vider les océans. Face à ces solutions à petite échelle, certains experts préconisent plutôt de standardiser le plastique, c'est à dire de n'en utiliser que 4 ou 5 sortes pour ainsi optimiser leur recyclage.