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Égalité hommes-femmes : une start-up toulousaine propose un congé menstruel à ses salariées

Benjamin Peter - Mis à jour le . 3 min

Depuis le 8 mars dernier, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les salariées de l'entreprise Louis, spécialisée dans la conception et la production de meubles de bureaux en bois, peuvent bénéficier d'une journée par mois de congé menstruel. Une initiative des salariés qui favorise le bien-être au travail et représente également un gain économique pour l'entreprise.

Ce sont des salariés qui ont alerté sur la situation de leurs collègues. Tous les mois, certaines souffrent de règles douloureuses. Chez Louis, on conçoit et on produit des meubles de bureau en contreplaqué à destination des entreprises. La start-up est installée à Labège en proche banlieue toulousaine et compte 18 salariés dont près de la moitié de femmes et notamment en production chez les ébénistes. Ils manipulent des planches, les poncent, les chanfreinent, un travail physique.

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Pour Margot qui chaque mois subit des douleurs intenses au moment des règles, certains jours peuvent être difficiles. "C'est une inquiétude à chaque fois que j'ai mes règles, parce que je suis très faible. On porte des charges lourdes, on reste debout, on piétine beaucoup et j'ai beaucoup de mal", admet-elle. "Cela m'est déjà arrivé demander à partir en plein milieu d'une journée parce que je ne me sentais vraiment pas bien et plus apte à travailler. Du coup c'était une journée de perdue". Ce sont ses collègues, Manu et Lucie, qui sont allés voir la direction avec ce projet : proposer aux salariées qui le souhaitent de disposer d'une journée de congé supplémentaire chaque mois.

Une "contrainte naturelle"

"On a des personnes qui tous les mois devaient poser une journée de leurs congés payés personnels, donc on s'est dit que ce n'était pas équitable du tout" explique Manu. "Les femmes se retrouvaient au final avec un jour de moins que tout le reste de l'entreprise donc il s'agissait juste de faire un rééquilibrage". La direction, sensible à ces questions d'égalité a rapidement accepté ce projet. "L'idée c'est de dire que ce n'est pas une maladie, c'est une contrainte naturelle qu'ont les femmes pendant près de 35 ans. Elles n'y peuvent rien", constate le directeur général Thomas Devineaux.

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"Pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité et favoriser le bien-être de tous au travail, ça nous semblait être un outil pertinent". Les salariées qui le souhaitent et qui le peuvent, notamment celles qui travaillent dans la partie marketing, peuvent aussi bénéficier d'une journée de télétravail pour être plus à l'aise chez elles.

La démarche participative a permis que l'initiative soit bien perçu par les hommes de l'entreprise. "On a construit un cadre, une charte pour éviter qu'un collègue masculin nous dise dans quelques mois 'Moi aussi j'ai mal au dos donc je veux ça'", détaille Thomas Devineaux. "Aujourd'hui si on veut être embauché chez Louis, il faut accepter cette règle de vie qu'on a dans l'entreprise. Ça nous permet de matérialiser notre engagement concret sur l'égalité hommes-femmes".

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Pas d'abus

Ce congé menstruel a permis de soulager Margot de ces inquiétudes et d'aller au travail plus sereinement. "Je suis rassurée qu'on puisse avoir cette possibilité de poser un jour - sans en abuser bien sûr - pour pouvoir se reposer et revenir plus frais le lendemain", témoigne-t-elle. "C'est rassurant d'avoir cette option et ça nous motive au quotidien".

Pour le moment, ni elle ni ses collègues n'ont eu à l'utiliser. "Ça prouve aussi qu'il n'y a pas forcément d'abus et que c'est vraiment sur une base de confiance", reconnait Manu. Cette démarche a aussi levé un tabou dans l'entreprise sur les règles et ses conséquences. "Ça nous arrive maintenant que pendant une pause, une femme puisse nous dire 'Ah j'ai mes règles en ce moment, je ne suis pas bien' et il n'y a pas de moqueries, rien. C'est juste devenu un sujet comme un autre."

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"Un gain énorme"

L'entreprise fera le bilan en fin d'année du nombre de journées données pour supporter ce programme mais Thomas Devineaux constate déjà que la société peut y trouver un intérêt économique. "Si on est très pragmatique, ça nous permet d'éviter les imprévus", reconnait-il. "Parce que si une personne vient travailler deux heures, ne sent pas bien et doit rentrer chez elle, au final on a une personne qui manque et on prend du retard. Si on sait à l'avance que quelqu'un ne sera pas là, on peut adapter notre planning de production et c'est un gain énorme". Mais le gain le plus important, il le voit aussi sur la culture d'entreprise qui fidélise ses salariées et en particulier les femmes.

Plusieurs entreprises ont déjà contacté la start-up avec dans l'idée de s'inspirer de son expérience. "De se dire qu'on est parmi les premiers et que d'autres puissent s'inspirer de nous je trouve ça intéressant", indique Margot. "C'est stylé. Je suis assez fière !"