Les Turcs de France sont invités à voter pour les élections présidentielles et législatives. 1:40
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Mélina Facchin , modifié à
Qui du président sortant Recep Tayyip Erdogan, à la tête de la Turquie depuis 20 ans, ou de son opposant Kemal Kiliçdaroglu remportera les élections présidentielles et législatives ce dimanche 14 mai ? Alors qu'en Turquie, les sondages se resserrent entre les deux, du côté de la diaspora française, la situation est différente.

Recep Tayyip Erdogan restera-t-il au pouvoir ? La Turquie vote ce dimanche 14 mai pour les élections présidentielles et législatives. Face au président sortant : une coalition de la gauche républicaine et nationaliste menée par Kemal Kiliçdaroglu. En France, les expatriés peuvent déjà voter. En Alsace, région où la communauté turque est la plus forte de France, il n’y a plus qu’un seul bureau de vote à Strasbourg, au consulat de Turquie, ouvert jusqu’à ce mardi soir. Europe 1 s’y est rendue.

"Une voix, c’est une voix, alors on y va !"

Pas de longue file d’attente devant l’unique bureau de vote d’Alsace, mais un flot continu de Turcs expatriés sont venus, souvent en famille, glisser leur bulletin dans l’urne. Certains arrivent de loin !

"Nous vivons en Haute-Saône, près de Vesoul", sourit Meryem. "Nous avons fait presque 200 kilomètres pour voter pour le président actuel", poursuit-elle. "Une voix, c’est une voix, alors on y va ! Il faut qu’on le soutienne encore un peu plus que d’habitude", dit-elle.

"Il n’y a qu’une personne : c’est 'Erdogan papa'"

Comme Meryem et sa famille, la majorité des personnes interrogées l’affirment haut et fort : elles ont voté Erdogan. "Il n’y a qu’une personne : c’est 'Erdogan papa', comme on dit !", lancent Muhammet et Oguzhan, deux frères d’une vingtaine d’années nés en France. Ali, lui aussi, estime que Recep Tayyip Erdogan a suffisamment fait ses preuves en vingt ans de pouvoir : "Ce n’est plus la même Turquie qu’avant : il y a des autoroutes, des hôpitaux", raconte-t-il. "En Europe, [Erdogan] dérange, justement parce que la Turquie grandit. Mais pourquoi changer ?".

Erdogan "a fait son temps et beaucoup de mal" 

Les partisans de l’opposition, du candidat Kemal Kiliçdaroglu, se font plus discrets, baissent un peu la voix pour répondre à nos questions, mais sont tout aussi convaincus. "C’est l’avenir de notre pays qui se joue, la fin d’Erdogan", assure Baris. "Il a fait son temps et il a fait beaucoup de mal", estime-t-il. "Attiser la haine entre le peuple, jouer sur les religions, parce que pour moi la laïcité c’est important, la dictature imposée, les journalistes en prison, l’obtention d’un travail pour les uns et pas pour les autres", liste ce franco-turc. "Il est venu le moment de voir la vérité", conclut-il.

Et il craint surtout que les résultats de l’élection soient "truqués", dit-il, persuadé qu’en cas de défaite, Recep Tayyip Erdogan s’accrochera à son siège.