Les vidéos dévoilant les très dures conditions de vie et de mort des animaux dans des abattoirs se succèdent, mais le comportement des consommateurs de viande change très peu : sur 8.000 votants qui se sont exprimés jusqu'à mardi matin sur la page Facebook d'Europe 1, 61% d'entre eux ont indiqué qu'ils n'avaient pas changé leurs habitudes alimentaires pour autant.
Alors au lieu de vouloir à tout prix influer sur l'attitude des consommateurs, des structures comme l'Association Française en faveur de l’Abattage des animaux dans la Dignité (Affad) tentent de convaincre la filière agricole de changer de méthode. Et comme l'a présenté Caroline Brousseaud, présidente fondatrice de l’Affad, sur Europe 1, mardi, les abattoirs mobiles font partie des solutions concrètes pour réduire la souffrance animale.
Une expérimentation de quatre ans. "Les abattoirs mobiles ont émergé il y a quelques années. C'est un concept déjà développé en Suède et en Allemagne", a-t-elle expliqué dans Le Tour de la question autour de Wendy Bouchard. "Ça fait trois ans que l'association travaille dessus pour voir comment on pourrait le dupliquer en France. On est contents car le projet de loi Alimentation a ouvert la voie à une expérimentation de quatre ans en France", se félicite Caroline Brousseaud.
>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici
La présence de l'éleveur possible. Comme son nom l'indique, l'abattoir va de ferme en ferme. "L'élément fondamental est qu'il y a l'absence de transport pour les animaux, qui est souvent très anxiogène et très traumatisant", décrit celle qui est aussi membre du collectif "Quand l’abattoir va à la ferme". "La présence de l'éleveur est possible lors du processus d'abattage. Les animaux abattus sur leur lieu de vie n'ont pas à subir le stress et l'attente dans un abattoir, avec d'autres animaux qu'ils ne connaissent pas", poursuit-elle. Selon les chiffres relayés par Les Échos, le véhicule pourrait transformer 6.000 animaux chaque année.
Plusieurs centaines de milliers d'euros. En revanche, le bémol vient du coût, qui se situe aux alentours de 700.000 euros. Voire même un peu plus. "Une éleveuse de Côte-d'Or, Émilie Jeannin, va normalement importer le premier abattoir mobile, un modèle suédois, en France", indique Caroline Brousseaud. Là, c'est un outil qui est composé de deux à trois remorques et qui va être aux alentours de 1,5, 2 millions d'euros." Un coût pour l'heure bien supérieur à celui d'un abattage "normal".
"Malheureusement, on ne peut pas le mettre en place dans toutes les régions", regrette également Éric Sanceau, éleveur dans une ferme d'Auffargis, dans les Yvelines, membre de l’Affad. "Il n'y a pas suffisamment de productions par chez nous. Si on mettait en place des filières directes avec des boucheries ou la grande distribution parisienne, on pourrait redonner vie à l'élevage francilien et le camion mobile serait alors une très bonne solution."