Les violences gangrènent désormais toutes les grandes villes de France et non plus seulement Nanterre, où Nahel est décédé mardi. Dans la nuit de vendredi à samedi, c'est peut-être à Marseille que la situation a été la plus tendue. Les affrontements entre forces de l'ordre et émeutiers ont duré au moins jusqu'à 3 heures du matin, avec des scènes de violence inouïes. La situation est tellement tendue à Marseille que le ministre de l'Intérieur a décidé d'envoyer des renforts supplémentaires sur place.
95 interpellations et quatre policiers blessés
Une brigade de CRS supplémentaires a été dépêchée au milieu de la nuit dans la cité phocéenne et elle s'est ajoutée à un avion de surveillance qui a survolé la ville une grande partie de la soirée pour pouvoir repérer des mouvements de foule ou des opérations menées sur des points localisés. Le Raid est aussi en place depuis deux jours à Marseille pour soutenir les policiers locaux.
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Ce samedi matin, le dernier bilan fait état de 95 interpellations et de quatre policiers blessés. Les affrontements ont commencé dans l'hypercentre de Marseille. Les émeutiers ont très vite pris pour cible des boutiques commerçantes, notamment des enseignes Sephora et Free, une bijouterie ou encore une armurerie dans laquelle des armes ont été dérobées, sans que des munitions soient volées.
Les forces de l'ordre ont dû faire face à des petits groupes très mobiles et surtout très violents. Les affrontements se sont ensuite déplacés de plus en plus vers le nord de la ville. Les émeutiers ont ciblé des centres commerciaux dont ils ont forcé l'entrée avec des voitures béliers. Ces groupes sont très jeunes, en moyenne 17-18 ans. Ce samedi matin, Marseille se réveille vraiment choquée des images très violentes de la nuit dernière car dans les rues commerçantes de la ville, les magasins sont éventrés et les devantures à moitié brûlées.
"Ça n'a plus rien à voir avec Nahel"
En début de matinée, il y a même encore des jeunes qui se font déposer en voiture devant les magasins, qui viennent avec des sacs et qui prennent ce qui reste, les dernières paires de chaussures, les derniers vêtements. À côté d'eux, dans les rues, un peu hagards, les habitants de Marseille et les commerçants de ces rues découvrent les dégâts. Comme Franck qui a retrouvé sa boutique complètement vide.
Et pour lui, ça n'a rien à voir avec la mort de Nahel. "C'est juste un prétexte pour simplement dérober de la marchandise. Tout simplement", regrette le commerçant. "Ça n'a plus rien à voir avec Nahel, Nahel n'a pas demandé à ce qu'on vole dans les magasins."
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C'est l'avis partagé par beaucoup d'habitants qui ne reconnaissent pas leur ville et qui ne comprennent pas ces émeutes. Car la cité phocéenne n'a jamais connu d'émeutes, même en 2005.