La collecte positive observée au mois de décembre n'a pas suffi à changer la tendance pour l'année : en 2020, avec la crise sanitaire, les Français ont boudé l'assurance vie. Les montants retirés ont atteint 6,5 milliards d'euros net, du jamais vu.
La tendance à un retour à l'équilibre
Pour la première fois depuis le début de la crise du Covid-19 en mars, le mois de décembre avait pourtant permis de renouer avec une collecte nette positive de l'ordre de 550 millions, selon les chiffres de la Fédération française de l'assurance. En décembre, les compagnies d'assurance vie ont ainsi engrangé 12,8 milliards d'euros et versé 12,3 milliards d'euros de prestations. Les prestations sont constituées des sommes retirées par les assurés (les "rachats") et de celles versées aux ayants droits, suite à un décès.
"C'est le prolongement d'une tendance que nous avons observée depuis quelques mois, celle d'un retour à l'équilibre", a expliqué auprès de l'AFP Franck Le Vallois, directeur général de la FFA. C'est en avril et mai que la différence entre les placements effectués par les Français et les prestations versées ont atteint des pics (-2,3 milliards d'euros chaque mois), avant qu'elle ne s'amenuise. Quelque 50 millions d'euros nets ont ainsi été ponctionnés en novembre.
Pour Franck Le Vallois, ce retour à l'équilibre "confirme la confiance des Français dans l'assurance vie", premier produit d'épargne en France, avec 1.789 milliards d'euros d'encours à fin décembre.
Attentisme des Français
Sur l'ensemble de l'année, le constat reste cependant sans appel, avec 6,5 milliards d'euros nets sortis, soit légèrement plus que les 6,3 milliards de 2012, le précédent record. A contrario, en 2019, 21,9 milliards d'euros net avaient été engrangés.
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La tendance 2020 s'explique par une baisse des dépôts des assurés, et non par une hausse des sommes décaissées : le public n'a déposé sur les contrats d'assurance vie "que" 116,3 milliards d'euros en 2020, contre 144,6 milliards d'euros l'année précédente.
Du côté des prestations versées aux assurés, elles ont atteint 122,8 milliards d'euros, contre 122,7 milliards d'euros déboursés en 2019. Selon le directeur général de la FFA, cette baisse des versements est liée à la fermeture des lieux de distribution lors du premier confinement et à "une forme d'attentisme qui s'est exprimé" chez les Français concernant l'épargne, et qui les a fait préférer les placements les plus liquides. Le contraste avec le Livret A est saisissant : celui-ci n'a jamais autant attiré qu'en 2020, engrangeant 26,4 milliards d'euros net, deux fois plus qu'en 2019.
Davantage d'unités de compte
Autre aspect notable en 2020 : une augmentation de la part des investissements en unités de compte, plus rémunérateurs mais aussi plus risqués que les fonds en euros, dont le capital est garanti. Ils sont passés de 28% en 2019 à 34% en 2020. Une hausse qui peut s'expliquer par les efforts des assureurs pour inciter leurs assurés à diversifier leur épargne ainsi que par la baisse continue, d'année en année, des rendements des fonds en euros.
Ces derniers, plébiscités pour leur sécurité, sont constitués en grande partie d'obligations souveraines, lesquelles ont vu leurs taux d'intérêt décroître ces dernières années jusqu'à tomber en terrain négatif pour certains pays de la zone euro. Et les politiques monétaires adoptées pour contrer les effets de la crise sanitaire, encore plus accommodantes qu'elles ne l'étaient pas le passé, ont effacé toute perspective d'amélioration.
Selon Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site Good value for money, les rendements des fonds en euros devraient en moyenne baisser de 0,25 point par rapport à l'année précédente.