Dix mois après l'acte 1 de la colère, les agriculteurs se mobilisent à nouveau en ce début de semaine. Les principaux syndicats appellent à une journée d'action sur l'ensemble du territoire ce lundi. Ils protestent contre la lenteur de l'application des promesses, formulées l'hiver dernier par le gouvernement Attal, mais aussi contre l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur. Au total, 82 actions sont prévues dans 80 départements dans l'Hexagone. Suivez l'évolution de la situation en direct.
"Emmanuel Macron ment et trahit la ruralité", affirme Sébastien Chenu
Sur Europe 1, Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, a estimé ce lundi matin qu'Emmanuel Macron manquait de sincérité dans son opposition au traité de libre-échange avec le Mercosur. "Emmanuel Macron nous ment, il trahit la ruralité, il trahit finalement la France en ayant laissé la France s'affaiblir, affaiblir sa voix au sein de l'Union européenne. En réalité, et implicitement, il n'a jamais été hostile au Mercosur. D'abord, ça fait partie de sa logique et logique des grands échanges, des traités internationaux de libre échange. C'est sa logique ultra-libérale", critique-t-il.
Des actions menées partout en France dès dimanche soir
Dès dimanche soir, des agriculteurs s'étaient rendus en cortège près de la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, pour dénoncer le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, bloquant deux des trois voies de circulation sur la nationale 118, où une partie d'entre eux étaient toujours présents ce lundi matin avec leurs tracteurs après y avoir passé la nuit. La circulation y est d'ailleurs très dense et la préfecture des Yvelines appelle les automobilistes à "éviter le secteur". À Avignon, des agriculteurs occupaient le pont de l'Europe au petit matin, rapporte France Bleu. Au total plus de 80 actions sont attendues tout au long de la journée et jusqu'à mardi.
Une manifestation d'agriculteurs est prévue en IDF dès demain 16h jusqu'à lundi 14h !
— Sytadin (@sytadin) November 16, 2024
⚠️Evitez les déplacements dimanche sur A10, N118, RN104, RN20, RD74, RD17, RD117, RD19, RN12, D44 de 16h à 18h sens province>Paris et lundi jusqu’à 14h sens Paris>province pic.twitter.com/7fbhbvPbmW
La France "ne signera pas, en l'état" le Mercosur
Le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur serait la goutte de trop pour les syndicats agricoles. Mais pour l'heure, la France est opposée à ce traité. En déplacement en Amérique latine, Emmanuel Macron refuse catégoriquement de signer ce traité de libre-échange "en l’état". "C’est une question de normes de production", décrypte un conseiller de l’Élysée.
Sandrine Rousseau critique les "effets de menton" de Macron sur le Mercosur
La députée écologiste Sandrine Rousseau a critiqué lundi les "effets de menton" du président Emmanuel Macron qui a assuré que la France ne "signerait pas en l'état" le traité de libre-échange UE-Mercosur, sans selon elle organiser de "minorité de blocage" au sein des pays européens.
"Vous faites des effets de menton mais pour l'instant, il n'y a aucune déclaration ou aucune mesure qui ne permet véritablement de ne pas signer le Mercosur", a dénoncé Sandrine Rousseau sur LCI alors que le chef de l'État est en déplacement au Brésil après l'Argentine ce week-end.
"Vous n'avez pas renégocié le mandat de négociation auprès de l'Union européenne, c'est-à-dire que l'Union européenne a toujours le même mandat de négociation et vous n'organisez pas au sein de l'Europe une minorité de blocage", a-t-elle déploré. "Il faut que vous vous engagiez à ce que l'Assemblée nationale et le Sénat ratifient ou pas le Mercosur", a ajouté la députée de Paris.
Les raisons de la colère
En février dernier, après de longues semaines de protestation, le gouvernement de Gabriel Attal dressait une série de 70 engagements destinés à calmer la grogne. Depuis, les agriculteurs, pénalisés par les mauvaises récoltes et les maladies animales émergentes, estiment que trop peu de promesses ont été tenues. "Absolument rien n'a changé. Des promesses et des paroles. Je suis amer. Je ne sais pas combien il faudra de suicides supplémentaires dans le milieu agricole pour qu'ils commencent à bouger. Il y a un moment où on ne peut plus", explique Pascal, céréalier en Seine-et-Marne, interrogé dans cet article.
Les exploitants dénoncent également l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Uruguay, Paraguay). Ce deal entend supprimer plus de 90% des droits de douane entre l'Europe et l'Amérique du Sud et permettrait ainsi de faciliter l'importation, sur le Vieux-Continent, du sucre, des volailles ou encore du bœuf. Les agriculteurs français y voient un risque de concurrence déloyale dans la mesure où les normes sanitaires européennes en matière d'élevage sont bien plus strictes qu'au sein du Mercosur. Enfin, les agriculteurs jugent toujours trop complexes les normes auxquelles ils sont assujettis et les revenus insuffisants.