1:26
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : ADRIEN FILLON / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Des barrages se lèvent samedi mais la colère des agriculteurs n'est pas apaisée pour autant par les annonces du gouvernement, qui promet de nouvelles mesures. En fin de journée, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Bassin parisien ont annoncé un "siège de la capitale" dès lundi. Suivez notre direct.
L'ESSENTIEL

Quelle suite donner au mouvement de contestation des agriculteurs ? Début de réponse ce samedi soir, avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Bassin parisien qui annoncent "un siège de la capitale" dès lundi, malgré les annonces du Premier ministre Gabriel Attal. Auparavant dans la journée, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, très mobilisée dans la contestation, a annoncé vouloir bloquer le marché de Rungis la semaine prochaine.

Les principales informations

  • Gabriel Attal a fait diverses annonces ce vendredi, afin de répondre à la grogne des agriculteurs, et se rend dimanche dans une exploitation agricole
  • Le déblocage de l'A64 en Haute-Garonne est en cours
  • La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs annoncent "un siège de la capitale" dès lundi
  • Un blocus de Paris et de sa petite couronne est attendu lundi, annonce Maxime Buizard, administrateur national des Jeunes Agriculteurs
  • La Coordination rurale annonce quant à elle vouloir "bloquer Rungis"

Gabriel Attal se rend dimanche dans une exploitation agricole en Indre-et-Loire

Le Premier ministre Gabriel Attal se rendra dimanche matin dans une exploitation bovine en Indre-et-Loire, deux jours après l'annonce de mesures pour tenter de répondre aux revendications des agriculteurs en colère. Cette visite, annoncée par Matignon samedi soir, se déroulera à la veille d'un "siège de la capitale" promis par des agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) du Grand Bassin parisien.

"Siège de la capitale" dès lundi à l'appel de la FNSEA et des JA du Bassin parisien

Des agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) du grand bassin parisien entameront lundi un "siège de la capitale", ont annoncé samedi soir les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national. "Dès lundi 29 janvier à 14h les agriculteurs des départements : l'Aisne, l'Aube, l'Eure, l'Eure & Loir, l'lle-de-France, la Marne, le Nord, l'Oise, le Pas-de-Calais, la Seine & Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée", écrivent-ils dans un communiqué. "Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs", ajoutent-ils dans le bref texte.

Les agriculteurs de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, l'un des points chauds de la mobilisation en France, avaient un peu plus tôt annoncé leur intention de "monter à Paris" à partir de lundi pour aller bloquer le marché d'intérêt national de Rungis dans le Val-de-Marne.

Réouverture de l'autoroute A9 entre Montpellier et l'Espagne

L'autoroute A9 qui a été fermée vendredi matin en raison d'actions des agriculteurs sur le tracé a rouvert "dans sa quasi-totalité à 17h30" samedi, c'est-à-dire sur une large portion reliant Montpellier et la frontière espagnole, selon Vinci Autoroutes.

Vendredi au petit matin, au vu de l'ampleur de la mobilisation agricole, les autorités avaient décidé de fermer l'A9 dans les deux sens entre Orange (Vaucluse) et Sigean (Aude), un axe très emprunté par les poids-lourds entre l'Espagne et la France. "On n'avait jamais vu ça, d'une telle ampleur et sur une telle durée", avait expliqué à l'AFP vendredi une porte-parole de la société exploitante Vinci autoroutes.

Samedi en fin d'après-midi, l'A9 a rouvert entre Montpellier et l'Espagne, selon un communiqué de Vinci Autoroutes, même si une difficulté dans le sens nord-sud obligeait encore les automobilistes à quitter l'autoroute à Narbonne-est dans l'Aude pour la retrouver quelques kilomètres plus loin à Sigean, dans le même département, pour poursuivre vers l'Espagne.

Dernier barrage levé dans les Bouches-du-Rhône, discussions annoncées

Les agriculteurs doivent lever le dernier barrage dans les Bouches-du-Rhône dans la soirée, a indiqué le préfet du département en annonçant une série de discussions locales sur des sujets comme la gestion de l'eau ou les besoins du secteur en main d'oeuvre étrangère. Une partie de l'autoroute A54, qui relie Nîmes à Salon-de-Provence, en passant par d'importantes zones logistiques, est fermée depuis plusieurs jours en raison de rassemblements d'agriculteurs au niveau de Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône.

"Ils vont lever le barrage ce soir sur Salon", a indiqué à l'AFP le préfet Christophe Mirmand après être allé discuter sur place avec les agriculteurs. La réouverture de la route ne pourra toutefois se faire qu'une fois que le nettoyage de la chaussée aura été effectué. "Ils ont une forte attente au-delà des mesures qui ont déjà été annoncées par le Premier ministre, de voir un certain nombre de sujets locaux être traités et donc c'est la raison pour laquelle j'ai proposé que nous puissions entamer une série de discussions et d'échange dès la semaine prochaine", a-t-il ajouté.

Lot-et-Garonne : la Coordination rurale annonce qu'elle va aller "bloquer Rungis"

Des agriculteurs du Lot-et-Garonne, l'un des points chauds de la mobilisation en France ces derniers jours, vont "monter à Paris" à partir de lundi pour aller bloquer le marché d'intérêt national de Rungis dans le Val-de-Marne, a annoncé samedi la Coordination rurale du département.

"Nous avons décidé dès lundi matin de partir direction Paris en tracteurs pour rejoindre le mouvement. On a décidé de monter à Paris bloquer Rungis", a déclaré José Pérez, co-président de la CR 47. "On part lundi à 9 heures d'Agen, on prend l'autoroute à Cahors, on monte à Paris en passant par Limoges et on récupère tous les gens qui veulent se joindre à nous", a-t-il dit.

La capitale bloquée dès lundi ?

Des barrages se lèvent samedi mais la colère des agriculteurs n'est pas apaisée pour autant par les annonces du gouvernement. "Dans la globalité on va lever les blocages d'ici à ce midi pour les reprendre plutôt en début de semaine prochaine", a annoncé Pierrick Horel, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs, syndicat qui, associé à la FNSEA, représente la majorité de la profession. "On a besoin de se reposer, on a aussi besoin de réadapter la stratégie", a-t-il expliqué sur RMC.

"Nous avons décidé de changer de méthode et d'organiser le blocus de Paris et de la petite couronne", a de son côté annoncé sur BFMTV Maxime Buizard, administrateur national des Jeunes Agriculteurs. "L'idée étant qu'il n'y ait aucun camion qui puisse alimenter la capitale".

Pour autant, cette action ciblant Paris est envisagée mais n'est "pas tranchée", le syndicat devant encore prendre le temps de "recalibrer la mobilisation", a déclaré à l'AFP son secrétaire général, Pierrick Horel. "On va prendre le week-end pour reposer les esprits et les corps" et "pour recalibrer la mobilisation de la semaine prochaine", a-t-il déclaré.

Le déblocage de l'A64 à hauteur de Carbonne est en cours

Pour tenter d'éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d'urgence en Occitanie, berceau de la contestation. Il a accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants entre l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

"On ne vous lâchera pas. Je ne vous lâcherai pas", a-t-il lancé depuis une exploitation bovine de Montastruc-de-Salies en Haute-Garonne, disant avoir "décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout". 

Le déblocage de l'Autoroute A64 au niveau de Carbonne en Haute-Garonne, premier barrage d'agriculteurs à avoir été installé il y a 10 jours, est en cours, a affirmé un des porte-parole des manifestants sur place. "C'est quasi-nettoyé, quasi-fini et dégagé, ce sera fait aux alentours de midi/midi et demi", a déclaré Joël Tournier, l'un des porte-parole du mouvement à Carbonne, avec l'éleveur Jérôme Bayle.

La FNSEA appelle à poursuivre le mouvement

Mais pas la FNSEA qui, en duo avec les Jeunes agriculteurs, est le syndicat majoritaire de la profession, ni la Coordination rurale ou la Confédération paysanne. "Ce qui a été dit ce soir ne calme pas la colère, il faut aller plus loin", a affirmé vendredi le président de la FNSEA Arnaud Rousseau. Sur les points de blocage mis en place par les tracteurs sur les autoroutes et grands axes, "il va y avoir des roulements", a-t-il prédit, tout en proposant d'aller à la "rencontre" du Premier ministre dès samedi matin.

La Confédération paysanne a dit pour sa part vouloir "continuer la mobilisation" pour obtenir "des mesures structurelles". Ses membres ont annoncé une action "surprise" samedi dans la matinée à Figeac dans le Lot. Si le blocage de la RN145 dans la Creuse doit être levé samedi à la mi-journée, le compte n'y est pas pour Christian Arvis, président de la FDSEA du département, pour qui "les annonces de Gabriel Attal sont une honte", "du pipeau, des mesurettes", avait-il tancé vendredi.