Alors que la situation épidémique se dégrade, le gouvernement a détaillé jeudi après-midi les nouvelles restrictions et mesures en vigueur face au Covid-19, comme le couvre-feu appliqué dans plusieurs métropoles et en région Île-de-France. Il s’agit là de la mesure la plus spectaculaire annoncée mercredi soir par Emmanuel Macron. Des perquisitions ont été lancées par la justice dans le cadre de l'enquête sur la gestion de la crise sanitaire. Les bureaux et les domiciles d'Oliver Véran et d'Édouard Philippe sont notamment concernés.
Nos voisins ne sont pas épargnés face à la progression de l'épidémie, de nombreux pays dont l’Allemagne choisissant de durcir eux aussi les conditions sanitaires.
Les principales infos à retenir :
- Plus de 30.000 tests positifs en 24 heures
- Les contours du couvre-feu, en vigueur dès samedi, ont été précisés
- Les mariages et les fêtes étudiantes sont interdits
- Le fonds de solidarité va être rétabli pour certaines entreprises, d'autres dispositifs élargis
- Le télétravail est demandé, partiellement, pour certaines professions
Plus de 30.000 cas détectés en 24 heures
Les derniers chiffres communiqués par Santé publique France, confirment une nette dégradation de la situation épidémique sur les derniers jours. Pour la première depuis le début de l'épidémie, la barre des 30.000 cas détectés en 24 heures a été dépassée, même si les mesures n'étaient pas exhaustives durant la première vague, au printemps. Le nombre de cas confirmés en 24 heures s'élève jeudi soir à 30.621, précise le site de l'agence sanitaire. Le taux de positivité des tests est lui aussi en hausse, à 12,6%.
Il y a eu 6.529 nouvelles hospitalisations sur les sept derniers jours dont 1.750 en réanimation. Le nombre de décès attribuables à la maladie s'élève à 88 pour la journée, portant le bilan total des décès à 33.125 depuis le début de l'épidémie.
Les modalités du couvre-feu précisées
Au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron, le gouvernement a précisé les modalités d'application du couvre-feu et des autres restrictions imposées face à la progression rapide de l'épidémie. Sauf exception, "tous les lieux recevant du public seront fermés et ces règles devront s'appliquer avec bon sens", a indiqué Jean Castex.
Les exceptions concerneront les "raisons de santé, les raisons professionnelles". Un billet de train ou d'avion après 21 heures "vaudra dérogation" Cette exception sera également valable "si vous devez vous rendre auprès d'un proche en situation de dépendance, pour sortir votre animal de compagnie près de chez vous, comme pendant la période de confinement".
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Une nouvelle attestation, 12.000 policiers et gendarmes mobilisés
Dans les zones où le couvre-feu va s'appliquer, il faudra se munir d'une attestation spécifique disponible sur le site du ministère de l'Intérieur lorsqu'on part travailler, par exemple. Elle sera accessible via smartphone et sur papier, comme lors du confinement. "L'attestation vaut une heure lorsqu'il s'agit de déplacements qui n'auraient pas de lien avec le travail", a précisé Gérald Darmanin.
12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour faire appliquer ces règles dans les zones "soumises au couvre-feu". "Ils feront exclusivement du contrôle sanitaire" et d'autres effectifs "pourront également intervenir".
Mariages et soirées étudiantes interdits
"Toutes les fêtes privées, comme les mariages ou les soirées étudiantes, qui se tiennent dans des salles des fêtes, dans des salles polyvalentes ou tout autre établissement recevant du public seront interdites" sur l'ensemble du territoire, a indiqué Jean Castex. La mesure ne s'appliquait jusqu'alors que dans les seules zones en niveau d'alerte maximale.
"Tous les restaurants de France appliqueront le protocole sanitaire qui a été récemment renforcé et prévoit notamment la limitation à six du nombre de clients par table", a annoncé jeudi le Premier ministre Jean Castex. Ce protocole renforcé, qui était auparavant valable uniquement dans les zones dites d'"alerte maximale", prévoit aussi "l'enregistrement du nom des clients pour faciliter le 'contact tracing'", a précisé Jean Castex. Il faudra respecter la règle d'une place sur deux dans les lieux où on est assis.
Le fonds de solidarité rétabli, le PGE jusqu'en juin 2021
Toutes les entreprises de moins de 50 salariés situées dans les zones de couvre-feu seront éligibles au fonds de solidarité jusqu'à 1.500 euros si leur perte de chiffre d'affaires atteint 50%, et ce tant que le couvre-feu durera, a annoncé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Pour les hôtels, cafés et restaurants, le fonds de solidarité jusqu'à 10.000 euros pourra être perçu par les entreprises ayant une perte de chiffre d'affaires d'au moins 50%, et non plus 70%, a ajouté le ministre.
Le dispositif de prêt garanti par l'Etat (PGE) est prolongé du 31 décembre 2020 jusqu'à 30 juin 2021, a-t-il annoncé. D'autre part, le ministre a demandé "à la Fédération bancaire française d'examiner un report du remboursement de ces prêts pour une année supplémentaire pour les entreprises qui en ont réellement besoin".
Télétravail : un nombre de jour minimal par semaine pour les postes concernés
"Il est désormais demandé aux entreprises de définir un nombre de jours minimal de télétravail par semaine pour les postes qui le permettent", a annoncé la ministre du Travail, Élisabeth Borne. Emmanuel Macron a préconisé mercredi soir "deux à trois jours de télétravail par semaine" dans les entreprises où cela est possible, pour "réduire un peu la pression collective".
Selon Élisabeth Borne, il faudrait également "étaler les horaires d'arrivée et de départ" pour éviter de grands brassages de population sur le lieu de travail.
Plusieurs mesures pour les soignants
Jean Castex a annoncé que la deuxième hausse de salaires prévue par le Ségur de la Santé allait être avancée "avant la fin de l'année". Elle correspond à une revalorisation de 93 euros pour les quelque deux millions de soignants à l'hôpital et dans les Ehpad. Pour les personnels hospitaliers, il y aura une indemnité de 110 à 200 euros brut par jour de congé non pris à la Toussaint. Une formation pratique a été mise en place dès la première vague pour 750 infirmières et aides-soignantes en région parisienne afin de renforcer les services de réanimation.
Perquisitions chez Véran, Salomon, Philippe, Buzyn et Ndiaye
Des perquisitions ont eu lieu jeudi matin aux domiciles et bureaux du ministre de la Santé Olivier Véran dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par la Cour de justice de la République sur la gestion de la crise du coronavirus, a annoncé le ministère dans un communiqué. D'autres perquisitions ont été menées chez le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, mais aussi chez les anciennes ministres Agnès Buzyn et Sibeth Ndiaye, et chez l'ex-Premier ministre Edouard Philippe. Ces opérations se sont déroulées "sans difficulté", a-t-on fait savoir de même source. "La confiance que j'accorde à Olivier Véran est totale", a affirmé le Premier ministre lors de la conférence de presse du gouvernement. Plus d'informations dans notre article par ici.
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Des aides pour plusieurs secteurs économiques
Pour compenser les pertes économiques liées au couvre-feu, Emmanuel Macron a annoncé que le chômage partiel, pris en charge à 100% par l’Etat, serait réactivé pour plusieurs secteur économiques, dont le tourisme ou la restauration.
Le président de la République a également annoncé une "aide exceptionnelle" pour les bénéficiaires du RSA et des APL. Pendant six semaines, les citoyens touchant les minima sociaux bénéficieront d'une aide de 150 euros à laquelle s'ajouteront 100 euros pour chaque enfant à charge. En revanche, Emmanuel Macron a refusé d’accorder une augmentation pérenne à ces bénéficiaires.
Les nouveaux critères de vulnérabilité suspendus
Le juge des référés du Conseil d'État a suspendu jeudi les dispositions d'un décret restreignant la liste des travailleurs vulnérables face au Covid-19 ayant droit au chômage partiel. Ce décret du 29 août mettait fin à partir du 1er septembre au dispositif exceptionnel d'indemnisation (chômage partiel) pour les travailleurs vulnérables qu'avait institué un décret du 5 mai.
Le nouveau décret prévoyait le maintien du système pour les "plus fragiles", selon les ministères du Travail et de la Santé : malades atteints d'un cancer évolutif, d'une immunodépression, d'une insuffisance rénale chronique sévère, dialysés et personnes de plus de 65 ans présentant un diabète associé à une obésité ou à des complications micro ou macrovasculaires. En réponse à cette suspension, le gouvernement promettant en réponse de "faire évoluer" son dispositif.
Restrictions en Allemagne, en Irlande, aux Pays-Bas et en Catalogne
L’Hexagone n’est pas le seul à durcir ses conditions. L'Allemagne, qui a détecté 6.638 cas en 24 heures un record, va introduire de nouvelles mesures plus restrictives. Le nombre de participants à des évènements privés sera par exemple limité dans les régions enregistrant plus de 35 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants sur sept jours.
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Les citoyens irlandais n'auront eux plus le droit de se rendre les uns chez les autres, et les régions frontalières avec l'Irlande du Nord vont être soumises à de nouvelles restrictions drastiques. Les Pays-Bas ont décidé la fermeture des bars et des restaurants, le port du masque obligatoire dans les espaces clos pour les plus de 13 ans et l'interdiction de la vente d'alcool à partir de 20h. En Espagne, la Catalogne a décidé de fermer tous ses bars et restaurants pendant 15 jours.
Plus d’1,08 million de morts dans le monde
Au total, la pandémie a fait plus de 1,087 million de morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP mercredi. Quelque 38,2 millions de cas ont été officiellement comptabilisés, dont plus de 26,4 millions ont été guéris. Les Etats-Unis comptent le plus de morts (216.597), devant le Brésil (151.747), l'Inde (110.586), le Mexique (84.420) et le Royaume-Uni (43.018).