Le masque sera obligatoire en France "dès la semaine prochaine". Emmanuel Macron avait évoqué le 1er août, mais le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi que l'entrée en vigueur de cette mesure serait anticipée. Et au moment où les autorités surveillent comme le lait sur le feu le risque de deuxième vague de Covid-19, qui a fait 30.138 morts en France, un rapport dresse la facture déjà salée de la première : 22 points de PIB cette année, selon la Commission des Finances de l'Assemblée nationale. De leur côté, les Etats-Unis ont battu de nouveaux records quotidiens de cas de contamination, notamment dans le Sud du pays, tandis que l'Inde a reconfiné jeudi quelque 125 millions de personnes, près d'un dixième de sa population.
Les principales infos à retenir :
- 30.138 personnes sont mortes en France, les réanimations sont en très faible baisse
- Les masques seront obligatoires dès la semaine prochaine dans les lieux publics clos
- Le choc du Covid-19 va coûter 22 points de PIB à la France en 2020, selon un rapport
- Les Etats-Unis ont connu un nouveau record de cas détectés en 24 heures
30.138 morts en France, les réanimations en très faible baisse
Dans son dernier communiqué publié jeudi soir, la Direction générale de la Santé (DGS) dénombre 30.138 (+18 en 24h) morts en France à cause du coronavirus. Le reflux épidémique se poursuit et le solde des réanimations reste négatif, mais très légèrement, avec un malade en moins, soit un total de 481 patients sur le territoire. Néanmoins, la vigilance reste de mise, surtout qu’un certain relâchement a pu être constaté ces derniers jours.
Au niveau des hospitalisations, le reflux épidémique est plus marqué, avec 6.796 personnes prises en charge dans le bilan de jeudi, contre 6.915 mercredi.
Le masque sera obligatoire dès la semaine prochaine
Le décret rendant obligatoire le port du masque dans tous les établissements recevant du public, clos, "en particulier les commerces", entrera "en vigueur la semaine prochaine", a annoncé le Premier ministre Jean Castex jeudi au Sénat. "Nous envisagions une entrée en vigueur de ces dispositions le 1er août", a rappelé le Premier ministre. "J'ai compris que cette échéance apparaissait tardive (...) le décret entrera donc en vigueur la semaine prochaine", a-t-il indiqué lors de sa déclaration de politique générale devant les sénateurs.
Le texte devrait être prêt "d'ici lundi ou mardi" a précisé un peu plus tard le ministre de la Santé Olivier Véran devant l'Assemblée nationale.
"Mais avant même un décret, la vigilance, l'esprit de responsabilité et de citoyenneté des Français ne nécessite pas de décret. J'encourage et j'invite l'ensemble des Français à sans délai, sans attendre la parution d'un décret et sans que l'obligation soit inscrite dans le marbre, à porter un masque dans tous les lieux clos quels qu'ils soient, et quand ils sont regroupés encore davantage," a insisté le ministre. Il a toutefois "rappelé que porter un masque ne protège pas en soi et qu'il faut conserver de la distanciation sociale, il faut se laver les mains, utiliser du gel hydroalcoolique, il faut changer son masque, le porter correctement. Tout cela est un travail de vigilance de tous les instants absolument nécessaire, surtout à l'heure ou un certain nombre d'indicateurs tendent à montrer qu'il y a des signes de résurgence ça et là du virus".
L'annonce le 14 juillet par Emmanuel Macron de l'obligation de porter un masque dans les "lieux publics clos" à partir du 1er août avait réjoui ceux qui plaidaient pour cette mesure, mais ils réclamaient son application sans délai et y compris sur les lieux de travail. Jean Castex a précisé que "dans les locaux dits professionnels, cela suppose une évolution des protocoles sanitaires régissant les activités concernées". Par ailleurs, concernant les tests, Olivier Véran a assuré que "nous allons atteindre la barre des 400.000 tests (et) nous sommes capables d'en faire bien d'avantage, et même un million s'il le fallait".
Mayenne : masque obligatoire dans les lieux publics clos de 6 communes
Le port du masque est désormais obligatoire dans les lieux publics clos de six communes du département, dont Laval, a annoncé la préfecture jeudi dans un communiqué. Le préfet de la Mayenne, Jean-Francis Treffel, a signé mercredi un arrêté, à effet immédiat. "Cet arrêté a été pris en concertation" avec les maires des communes de Bonchamp-lès-Laval, Changé, L'Huisserie, Laval, Louverné et Saint-Berthevin, précise le préfet dans son communiqué.
La Mayenne, qui compte plusieurs foyers de Covid-19, a dépassé légèrement le seuil d'alerte avec 50,1 nouveaux cas pour 100.000 habitants détectés en sept jours, avait annoncé mercredi l'agence sanitaire Santé publique France (SpF). Un plan de dépistage massif de toute la population âgée de plus de 10 ans, soit environ 300.000 personnes, a été lancé en début de semaine dans ce département.
Covid-19 : "évolution inquiétante" en Nouvelle-Aquitaine, alerte l'ARS
La propagation du Covid-19 marque une "évolution inquiétante" en Nouvelle-Aquitaine, région jusqu'ici très épargnée par le virus, met en garde jeudi l'Agence régionale de Santé (ARS), appelant la population à "se ressaisir et appliquer rigoureusement les gestes barrières". Dans un communiqué, l'ARS Nouvelle-Aquitaine recense 10 clusters (au moins trois cas groupés), alors que son précédent point de situation, vendredi, n'en comptabilisait que trois dans cette région qui avait été la moins touchée de France durant le confinement.
Sur ces dix foyers, un seul se trouve dans un EHPAD, en Dordogne, six, notamment à Bordeaux, Brive ou Châtellerault, sont liés à des "événements privés" comme des fêtes ou des mariages, et deux dans la Vienne sont issus d'un "réseau familial élargi". Ces cas sont dus au "manque d'application des gestes barrières", souligne l'ARS, relevant que "la saison propice aux retrouvailles familiales et aux festivités diverses présente un contexte favorable à une reprise active de la circulation du virus en Nouvelle-Aquitaine, région, de surcroît, très touristique".
Le choc du Covid-19 va coûter 22 points de PIB à la France en 2020 (rapport)
Au moment où la France surveille comme le lait sur le feu le risque de deuxième vague de Covid-19, un rapport dresse la facture déjà salée de la première : 22 points de PIB cette année, selon une étude de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale. Le choc est estimé "à ce stade" à environ 22 points de PIB, en prenant pour référence le troisième projet de loi de finance rectificative qui évalue le ratio de dette française sur le PIB à 120,9% soit 2.650 milliards d'euros, indique le rapport.
"La crise économique actuelle, induite par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, a conduit à une dégradation des finances publiques sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale", est-il écrit dans le document présenté par Laurent Saint-Martin, rapporteur général du Budget à l'Assemblée.
Le recours de l'État aux émissions de dette sur les marchés financiers devrait exploser de plus d'un tiers, soulignent les auteurs, estimé à 361,2 milliards d'euros au total contre de 230,5 milliards d'euros initialement, d'après le projet de loi de finance rectificative. La Banque centrale européenne a de son côté joué un rôle "décisif" avec son arsenal de mesures monétaires accommodantes qui ont permis de maintenir des taux d'intérêt bas.
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Nouveau record de cas en 24 heures aux Etats-Unis
Les jours se suivent et se ressemblent aux Etats-Unis. Régulièrement, le pays, qui certes teste de plus en plus, bat son record de cas détectés en 24 heures. Ce fut encore le cas mercredi, avec plus de 67.000 cas recensés, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Le Texas y a largement contribué, avec un nouveau record sur une journée pour cet Etat, de quelque 10.790 nouveaux cas, ont rapporté les autorités sanitaires locales.
La première puissance mondiale est confrontée depuis la fin juin à une très forte résurgence du virus, notamment dans les Etats du sud et de l'ouest du pays. Depuis dix jours, le nombre d'infections détectées toutes les 24 heures est compris entre 55.000 et 65.000. Ces chiffres alarmants équivalent à environ le double des niveaux de contaminations enregistrés autour du mois d'avril, quand le pays était en grande partie confiné.
Inquiétudes en Amérique latine et en Asie
L'Amérique latine et les Caraïbes demeurent également très touchées. La région est la deuxième la plus endeuillée par la pandémie, avec 151.022 morts, derrière l'Europe (203.793).
Au Brésil, qui compte à lui seul 75.366 décès et plus de 1,96 million de cas, le président Jair Bolsonaro, dont la contamination a été confirmée, va rester en quarantaine mais affirme "aller bien". Le Pérou, également très touché, a nommé mercredi son troisième ministre de la Santé depuis le début de la pandémie.
Au Venezuela, le président Nicolas Maduro, a annoncé mercredi qu'il autoriserait la transformation du Poliedro de Caracas, une salle de spectacle qui avait jadis servi à accueillir les concerts des groupes Queen ou Metallica, en hôpital de campagne. En Argentine, la barre des 2.000 morts liées au coronavirus a été franchie mercredi.
En Asie, l'Inde a contraint mercredi minuit les 125 millions d'habitants de l'Etat du Bihar à se reconfiner pour deux semaines. Anticipant des problèmes d'approvisionnement, des milliers de personnes se sont ruées mercredi sur les marchés de Patna, la capitale de cet Etat très pauvre, pour faire des réserves de nourriture.
A Hong Kong, les bars, les salles de sport et les salons de coiffure ont dû être fermés à nouveau mercredi, et les rassemblements de plus de quatre personnes ont été interdits dans la cité-Etat qui avait enregistré des succès dans la lutte contre le coronavirus. Au Japon, la ville de Tokyo est à son plus haut niveau d'alerte à la suite d'une hausse des cas constatés, a annoncé mercredi la gouverneure de la capitale, Yuriko Koike.
Londres accuse des hackers russes de vouloir voler des recherches sur un vaccin
L'organisme gouvernemental britannique chargé de la cyber-sécurité a accusé jeudi un groupe de hackers de s'en prendre à des organisations britanniques, canadiennes et américaines pour voler leurs recherches dans la mise au point d'un vaccin contre le nouveau coronavirus, affirmant qu'il est "presque certain" qu'ils opèrent pour les renseignements russes. "Le groupe menaçant connu sous le nom d'APT29" ou encore des "Ducs" ou de "Cozy Bear", "opère presque certainement dans le cadre des services de renseignement russes", a affirmé dans un communiqué le National Cyber Security Centre (NCSC), ajoutant que ses homologues américains et canadiens étaient arrivés à la même conclusion.