Bruno Garcia-Cruciani, cheveux rasés, vêtu d'un t-shirt à manches longues noires, est nerveux. Face à lui dans la salle d'audience se tient la famille de la victime, partie civile. Le père ravale ses larmes, le frère prend des notes. La mère hoche la tête en dénégation quand la présidente rappelle aux jurés que le doute bénéficie à l’accusé. Le procès de l'ex-compagnon de Julie Douib, accusé de l'avoir assassinée à l'Ile Rousse, en Haute-Corse, en mars 2019, s'est ouvert jeudi à Bastia.
Trentième féminicide sur les 146 dénombrés cette année-là, ce féminicide avait suscité une vive émotion en France et avait abouti à l'organisation du Grenelle des violences faites aux femmes. Suivez les audiences en direct grâce au fil Twitter de notre reporter.
L'homme de 44 ans est accusé d'avoir tué par balle Julie Douib, dont il était séparé depuis six mois. Au cours des mois précédant sa mort, elle avait déposé contre lui plusieurs plaintes et mains courantes. Mais l'avocat de Bruno Garcia-Cruciani ne veut pas que cette audience soit le procès des violentes faites aux femmes, juste le procès de son client. "J'attends qu'il soit jugé normalement, simplement, qu'il ne paye pas pour tous ces crimes commis contre des femmes en France", explique-t-il au micro d'Europe 1.
L'accusé nie la préméditation
Lors de l'instruction, l'accusé a reconnu être venu au domicile de son ex-compagne, avec qui il a eu deux fils, et lui avoir tiré dessus avant de se rendre aux gendarmes. S'il affirme que son acte n'était pas prémédité, le juge d'instruction qui l'a renvoyé devant la cour d'assises pour assassinat assure le contraire, soulignant notamment que Bruno Garcia-Cruciani avait notamment fait des recherches sur internet avec les mots-clés "peine pour homicide avec arme" et "partir vivre en Thaïlande".
Pendant l'audience, la présidente l’a à nouveau interrogé. "J’ai résumé vos déclarations. Vous confirmez votre position ? Vous dites 'Je comptais aller au stand de tir, finalement j’ai changé d’avis. Je suis allé avec une arme chez mon ex, je l’ai sortie pour l’impressionner. J’ai tiré une première fois par panique, sans être sur de l’avoir touchée.' Pour la suite, vous avez toujours évoqué un trou noir." L’accusé se lève et répond : "C’est ça madame.". Il encourt la prison à perpétuité.