Quatre jours après une journée de mobilisation record qui a attiré près de 1,3 millions de personnes dans la rue partout en France, l'intersyndicale a de nouveau appelé à manifester ce samedi contre la réforme des retraites. À Paris, le cortège s'est élancé de la place de la République à 14 heures pour arriver place de la Nation à 19 heures, via la place de la Bastille. Une journée qui s'accompagne également de perturbations dans les transports ferroviaires, surtout à la SNCF où le trafic devait être encore "très perturbé".
Selon les premiers chiffres remontés, la mobilisation est en net recul par rapport à mardi. À Paris, où des tensions ont éclaté avec les forces de l'ordre, 300.000 personnes ont défilé selon la CGT, qui revendique plus d'un million de personnes mobilisées au total. D'après les estimations du ministère de l'Intérieur, ils étaient 368.000 à battre le pavé partout en France, dont 48.000 dans la capitale.
Les principales informations :
- La CGT revendique plus d'un million de manifestants partout en France
- 368.000 manifestants en France, dont 48.000 à Paris selon le ministère de l'Intérieur
- Des tensions dans la manifestation parisienne
- Nouvelle journée de mobilisation ce samedi contre la réforme des retraites
Plus d'un million de manifestants en France, selon la CGT
Plus d'un million de personnes ont manifesté samedi en France pour la septième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT à l'AFP, alors que les autorités ont dénombré 368.000 personnes dans les cortèges. Il s'agit du chiffre le plus faible avancé par la centrale syndicale depuis le début du mouvement social, inférieur aux 1,3 million de manifestants du 16 février.
368.000 manifestants en France, dont 48.000 à Paris selon le ministère de l'Intérieur
Le ministère de l'Intérieur indique que 368.000 manifestants ont défilé partout en France contre la réforme des retraites ce samedi, dont 48.000 à Paris.
300.000 manifestants à Paris, selon la CGT
Quelque 300.000 personnes manifestaient samedi à Paris pour la septième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT à l'AFP, alors que le chiffre des autorités n'était pas immédiatement disponible. C'est nettement moins que les 700.000 manifestants revendiqués lors de la dernière journée de mobilisation mardi, et autant que celle du 16 février qui avait enregistré la plus faible participation depuis le début du mouvement social.
Une mobilisation en net recul partout en France
Les manifestants contre la réforme des retraites étaient nettement moins nombreux samedi pour la septième journée de mobilisation, souvent en-dessous du minimum précédent du 16 février, d'après les chiffres des autorités comme des syndicats. Des sommets au plancher, en quatre jours: après avoir atteint des niveaux records mardi, le mouvement social est redescendu à son plus bas étiage. "Les journées ne se comparent pas, elles s'additionnent", a justifié le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, en tête du cortège parisien.
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Il n'empêche, les manifestants étaient seulement 7.000 à Marseille selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, soit autant que mi-février. Même la CGT, qui n'avait jamais dénombré moins de 100.000 participants dans la cité phocéenne, n'en a cette fois-ci revendiqué que 80.000.
Situation identique à Toulouse, où le cortège a rassemblé 10.000 personnes selon la préfecture, 45.000 selon les organisateurs, chiffres les plus faibles depuis le début de l'année dans la ville rose. Idem à Saint-Etienne (2.350 à 8.000) et Strasbourg (1.300 à 5.000), mais aussi dans des villes moyennes comme Tarbes (2.500 à 6.000), Roanne (2.000 à 4.000), Arras (1.400 à 2.000), ou Montauban (1.000 à 5.000), entre autres.
Dans ce repli général, quelques villes affichent tout de même des scores légèrement supérieurs à ceux du 16 février, à l'instar de Perpignan (3.800 à 8.000) et Nice (2.300 à 8.000).
Des tensions dans la manifestation à Paris
Des tensions ont eu lieu samedi après-midi à Paris dans la manifestation contre la réforme des retraites, avec notamment de nombreux jets de projectiles contre les forces de l'ordre, quelques poubelles incendiées et vitrines caillassées. À 18h30, 32 personnes avaient été interpellées, notamment pour port d'arme prohibé et participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, selon la préfecture de police. La manifestation parisienne s'est élancée à 14 heures de la place de la République vers la place de la Nation.
Des feux ont été allumés en marge de la mobilisation à Paris.
Crédits : Christophe ARCHAMBAULT / AFP
De premières tensions ont eu lieu vers 15 heures sur le boulevard Beaumarchais, avec des vitrines prises pour cible et des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP. Le cortège a été provisoirement stoppé place de la Bastille, où les forces de l'ordre ont tenté de "disloquer le bloc" constitué de manifestants radicaux, a indiqué la préfecture de police. "Plusieurs centaines de personnes" étaient présentes dans ce bloc, selon la même source.
Le cortège a ensuite pu reprendre sa progression. Mais de nouveaux incidents ont eu lieu avenue Daumesnil, avec à nouveau des jets de pavés sur les forces de l'ordre et quelques poubelles incendiées dans une tentative d'ériger une barricade, selon la journaliste de l'AFP. La CGT a également été victime "de jets de projectiles par des éléments radicaux", selon la préfecture de police.
"Nous allons trouver une porte de sortie par la force", lance Mélenchon
"Il faut trouver une porte de sortie, donc nous allons en trouver une par la force", a affirmé Jean-Luc Mélenchon, le leader Insoumis, samedi à Marseille, dans le cadre des manifestations contre le projet de réforme des retraites. "M. Macron ne laisse d'autre possibilité à personne que d'être dans ce rapport frontal, eh bien nous sommes frontaux et nous espérons que d'ici quelques jours, il finisse par comprendre que ça ne peut pas durer comme ça", a plaidé l'ancien député LFI des Bouches-du-Rhône, aux côtés de Manuel Bompard, qui lui a succédé dans l'hémicycle.
Estimant que "jamais on n'a eu l'impression que le pouvoir était aussi faible, et en même temps, nouveauté, ridicule, ayant des mots de trop, des gestes déplacés" (NDLR: référence aux bras d'honneur du ministre de la Justice à l'Assemblée nationale), Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois affirmé son "sentiment qu'il est possible d'obtenir le retrait de ce texte de loi".
"Cette semaine, le texte devrait revenir à l'Assemblée nationale, et nous allons atteindre une sorte de sommet dans la confrontation avec le pouvoir", a insisté l'ex-sénateur socialiste, en prévoyant que ce projet de loi ne trouvera pas de majorité au sein du palais Bourbon. "On a plutôt l'impression que personne ne veut plus se prêter à cette comédie", a-t-il avancé, en recommandant, "comme l'a dit M. Berger (NDLR: le secrétaire général de la CFDT), qu'on se dirige vers une consultation du peuple lui-même (par référendum), pour qu'on tranche".
"Dans un pays démocratique, il faut une sortie démocratique à une impasse qui a été créée par le pouvoir lui-même", a-t-il insisté, affirmant que la France est "en train de vivre un moment de verrouillage politique par le président de la République sans précédent dans l'histoire sociale de ce pays".
L'intersyndicale invite le président à "consulter le peuple"
Les responsables syndicaux ont appelé samedi le président Emmanuel Macron à "consulter le peuple" sur la réforme des retraites, lors d'un point presse en amont de la manifestation parisienne contre le projet du gouvernement. "Puisqu'il est si sûr de lui, le président de la République, il n'a qu'à consulter le peuple. On verra la réponse du peuple", a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "La détermination est là, on est passé même à un stade de grosse colère, avec ce qu'a fait le président de la République", vendredi, en rejetant la demande des syndicats de le rencontrer, a ajouté Philippe Martinez, parlant d'un "bras d'honneur" d'Emmanuel Macron.
"Sans doute, il faut aller vers une consultation citoyenne", a estimé son homologue de la CFDT, Laurent Berger. Reconnaissant une moindre mobilisation pour cette septième journée, Laurent Berger a affirmé ne pas en être surpris, cette journée étant la deuxième de la semaine, mais la détermination est "forte". "J'implore ceux qui dirigent ce pays de sortir de cette forme de déni du mouvement social", a-t-il dit, faisant part de la "sidération" des militants face à la fin de non recevoir du président de la République.
"Le bras d'honneur que nous fait le président de la République avec sa réponse, c'est prendre le risque que le mouvement social dégénère", a de son côté prévenu le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot. "FO va proposer qu'on ait trois journées, les 15-16-17, de grèves et de manifs", a-t-il assuré. Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a espéré que la "raison" revienne à l'exécutif. "On ne peut diriger, on ne peut pas emmener vers l'avant un pays comme la France en misant sur la résignation de sa population. C'est la chose la plus grave de ce moment", a-t-il dit.
Le secrétaire général de la FSU, Benoît Teste, a mis en garde contre le "coup de force démocratique" que représenterait l'adoption du texte via l'arme constitutionnelle du 49.3, y voyant en même temps un moyen de "redonner du souffle à la mobilisation".
Trafic encore "fortement perturbé à la SNCF, quasi normal à la RATP
Le trafic sera normal sur la plupart des lignes de métro parisien samedi, au cinquième jour d'une grève reconductible à l'appel de tous les syndicats de la RATP contre la réforme des retraites, seuls les RER A et B restant "perturbés", a annoncé la Régie vendredi. Côté SNCF, en revanche, la situation reste délicate avec environ la moitié des TGV Inoui et Ouigo supprimés ainsi que 60% des TER.
Emmanuel Macron oppose une fin de non-recevoir aux syndicats
Les syndicats avaient sollicité un rendez-vous avec Emmanuel Macron dans une lettre directement adressée au chef de l'État. Dans sa réponse, ce dernier n'a pas donné suite à cette requête mais a dit rester "à l'écoute" de l'opposition mais a réaffirmé sa volonté d'aller au bout de cette réforme des retraites.
Le gouvernement veut accélérer le vote du texte au Sénat
Ce vendredi, le gouvernement a déclenché l'article 44.3 de la Constitution pour accélérer le vote du texte au Sénat. Cet outil permet à la chambre haute de se prononcer par un seul vote sur l'ensemble de la réforme, en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement.