Les rassemblements place de la Concorde, ainsi que sur les Champs-Elysées, ont été interdits samedi par la préfecture de police de Paris, après deux soirées de manifestations émaillées d'incidents contre le recours au 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites. Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre qui se sont reproduits ce samedi soir dans le secteur de la place d'Italie.
Les informations principales :
- La préfecture de police de Paris a interdit les rassemblements sur la place de la Concorde et les Champs-Élysées ce samedi
- La CGT a annoncé l'arrêt des installations de la raffinerie TotalEnergies de Normandie depuis ce vendredi soir
- Quelques tensions à signaler dans les manifestations nantaises et brestoises
- À Lille, un rassemblement était en cours en fin d'après-midi
- Le rassemblement de la place d'Italie dans le XIIIe arrondissement de Paris s'est conclu par des heurts entre policiers et manifestants.
Vendredi, quand 4.000 personnes étaient rassemblées sur la place, 61 personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police de Paris. Jeudi, 10.000 personnes s'y étaient rassemblées et 258 personnes avaient été interpellées. La place de la Concorde, la plus grande de Paris, est située au pied de l'avenue des Champs-Élysées et contient en son centre l'Obélisque de Louxor. Elle est connue en particulier pour avoir été un des lieux d'exécution pendant la Révolution française.
Des heurts entre police et manifestants à Paris
Barricades, feux de poubelles et d'abribus, jets de projectiles : le quartier de la Place d'Italie à Paris a été samedi soir le théâtre de heurts avec la police et de dizaine d'arrestations, en marge d'une manifestation dénonçant l'usage du 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Selon une source policière, 76 personnes ont été arrêtées sur la place d'Italie ou alentour.
Vers 20h, les forces de l'ordre sont intervenues, notamment les Brigades de répression de l'action violente motorisées (BRAV-M), et ont fait usage de gaz lacrymogènes, selon l'AFP-TV sur place. La police a procédé à des charges.
Dépêchés pour éteindre un feu place d'Italie, les pompiers en ont été empêchés par des groupes de jeunes et les forces de l'ordre sont "intervenues pour pousser les perturbateurs", a indiqué une source policière. Devant un feu, un jeune se prenait en photo avec la pancarte "vivre oui, survivre non". Dans la pagaille, des personnes criaient "Macron démission", ou "si tu penses à Macron tu n'auras jamais de pognon".
Peu après 21H30, le canon à eau a entraîné la dispersion d'une grande partie des manifestants. Les deux soirs précédents, les manifestations place de la Concorde avaient été émaillées d'incidents. A la nuit tombée, des centaines de personnes avaient affronté la police par petits groupes, avec jets de projectiles.
À Paris, les manifestants prennent la direction de la Butte-aux-Cailles
Une poignée de manifestants, qui s'était réunie au niveau de la place d'Italie dans le XIIIe arrondissement de la capitale, prennent désormais la direction du quartier de la Butte-aux-Cailles, situé non-loin de là. Un changement de direction qui s'est opéré lors de l'arrivée d'un groupe de gilets jaunes sur place.
Des tensions dans les manifestations à Nantes et à Brest
Entre 6.000 et 15.000 opposants à la réforme des retraites, selon la police ou les syndicats, ont défilé samedi à Nantes, et 5.000 à 8.000 à Brest, lors de manifestations marquées par des tensions avec les forces de l'ordre. A Nantes, où un important dispositif policier avait été déployé deux jours après une manifestation violente, une partie du cortège s'est rendue dans l'hyper centre au chant de "Nantes debout, soulève-toi" entre les places Royale et Graslin, un quartier habituellement évité par les manifestants.
La tension est montée d'un cran en milieu d'après-midi, selon un photographe de l'AFP. Les forces de l'ordre, cibles de jets de bouteille, ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène tandis que des poubelles étaient enflammées sur les voies du tramway. La brigade anti-criminalité a alorss arrêté au moins quatre manifestants, selon le photographe. Des barricades ont été installées en fin d'après-midi au croisement des allées Jean-Bart et Duguay-Trouin, où une voiture de police, prise à partie par les manifestants, s'est dégagée en fonçant à travers la foule sans faire de blessés.
Jeudi déjà, une précédente manifestation contre le recours du gouvernement au 49.3 avait dégénéré, avec de nombreuses dégradations et des tirs de mortier et de cocktail molotov en direction des forces de l'ordre. A Brest, le cortège initial comptait 5 à 6.000 personnes selon la police, 8.000 d'après les syndicats. "49.3, attention la rue chauffe", prévenait la pancarte d'un manifestant, tandis qu'un autre estimait que "Borne doit partir à 62" ans.
Une manifestation sauvage a succédé au rassemblement syndical, entraînant des tirs de gaz lacrymogène pour disperser un regroupement devant la sous-préfecture puis devant la permanence du député du parti Horizon Jean-Charles Larsonneur, selon un journaliste de l'AFP. Plusieurs commerçants ont baissé leurs rideaux métalliques et quelques manifestants encagoulés se sont introduits dans le centre commercial Jean-Jaurès.
Une mobilisation qui s'exerce aussi dans les petites villes
200 personnes étaient par exemple mobilisées à Lodève dans l'Hérault. Ariane, gérante de chambres d'hôtes, en faisait partie et, selon elle, la lutte va continuer et se durcir. "Clairement, on en a marre. On a l'impression de se faire marcher dessus, de ne pas être écoutés. On continue, on se dit qu'on a envie que ça aille plus loin et plus fort. Car très clairement, nous, ces deux ans de plus, on n'en a pas envie", a-t-elle clamé au micro d'Europe 1.
Un rassemblement actuellement en cours à Lille
À l'instar de Nantes, Brest, Dijon ou encore Marseille, Lille accueille également ce samedi un petit cortège de manifestants, opposés à la réforme des retraites et révoltés après l'utilisation du 49.3 par Élisabeth Borne jeudi. "C'est le 11e 49.3 utilisé par Élisabeth Borne ? Ce n'est pas ça la démocratie. Donc moi je suis là pour dire non. On continue à lutter contre ce déni de démocratie. Oui, je suis en colère. Je suis en colère pour moi mais aussi pour tout le monde. Je suis en colère pour la France, pour les citoyens car on ne mérite pas ça", a déclaré une manifestante au micro d'Europe 1.
L'arrêt des installations de la raffinerie TotalEnergies de Normandie a débuté vendredi soir, annonce la CGT
L'arrêt des installations de la raffinerie TotalEnergies de Normandie "a débuté vendredi soir", a déclaré samedi à l'AFP le secrétaire général de la CGT de la plateforme de Normandie, Alexis Antonioli. "Les unités s'arrêtent depuis hier soir", a-t-il ajouté. Cette mise à l'arrêt prendra toutefois plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénuries de carburant immédiates dans les stations-service.