Un mois après leur bataille rangée qui avait transformé un hall de l'aéroport d'Orly en ring et retardé plusieurs vols, Booba et Kaaris, ennemis jurés du rap français, se sont renvoyés l'un et l'autre la responsabilité de la rixe au tribunal de Créteil. Le procureur a finalement requis dans la soirée un an de prison avec sursis contre les deux rappeurs, et réclamé des peines allant jusqu'à huit mois d'emprisonnement ferme pour les membres de leurs clans respectifs.
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Booba évoque un "coup d’intimidation". Interrogé sur une vidéo tournée avant la rixe, où on l’entend dire "c’est la garde à vue qui m’attend", Booba explique que Kaaris lui faisait face : "il était debout, je me suis dit que ça ne sentait pas bon". Quant à la rixe, le rappeur affirme ne pas "aller à l’attaque" : "j’aurais bien aimé faire autrement mais je me suis senti encerclé. Le premier coup, je ne le touche pas, c’est un coup d’intimidation".
Les vidéos en débat. L’atmosphère, détendue malgré le conflit qui oppose les deux rappeurs, s’est crispée au moment de visionner les images de vidéosurveillance de l’aéroport, sujettes à des interprétations contraires. "Ce qui est intéressant, c’est à quel moment Kaaris se lève", estime Me Le Bras, l’avocat de Booba. Même sur ce point, les conseils des deux clans ne parviennent pas à se mettre d’accord sur un minutage précis. "Il a une fesse sur le banc", est obligé d’arbitrer l’un des assesseurs du tribunal.
Première déclaration de Kaaris. A l’issue de l’exposé des faits, Okou Gnakouri, alias Kaaris est le premier à prendre la parole. "Je regrette, je présente mes excuses", explique-t-il. "Quelques minutes avant (les faits), j’étais en train de faire des photos avec des familles et des enfants...". Le rappeur assure ne pas être "à l’origine de cette rixe". "Certes à des moments j’ai dû mettre des coups, mais pour me défendre" Aucun autre des prévenus ne souhaite s’exprimer avant le visionnage des vidéos de la scène.
Le fond du dossier examiné. Après une nouvelle suspension, le tribunal a décidé de joindre les conclusions au fond du dossier. Peu avant 17 heures, les faits sont donc enfin abordés, avec un rappel de la chronologie par la présidente. Entre les deux rappeurs, elle évoque "un conflit qui donne lieu à des invectives mutuelles sur les réseaux sociaux". Sur les faits, elle rappelle que chacun des camps accuse l'autre d’avoir initié la bagarre du 1er juillet, et qu’aucun des individus impliqués ne s’est vu prescrire plus de huit jours d’incapacité temporaire de travail (ITT).
C'est reparti. L’audience a repris un peu après 15 heures, avec le dépôt de conclusions en nullité par les avocats du "clan" Booba. "Voilà que s’ouvre enfin le vrai procès, le seul procès, et pas celui du tribunal médiatique où tous les coups sont permis", pose l’un d’entre eux. Les conseils contestent les conditions du déferrement de leurs clients en des termes assez techniques. Ils soulignent que les prévenus n’ont pas eu le temps de s’entretenir avec leurs avocats à l’issue de leur garde à vue et qu’un seul CD-ROM supportant la vidéo des faits était disponible pour tous les conseils. L’avocate du prévenu haïtien souligne en outre que son client n’a pas été assisté d’un interprète pendant sa garde à vue. Même discours du côté des avocats du "clan" Kaaris : "s’il y a un seul point sur lequel on est tous d’accord, c’est la nullité des procès-verbaux de comparution immédiate."
Suspension d'audience. Quinze minutes après le début de l’audience, celle-ci a été suspendue le temps que le tribunal trouve un interprète pour l’un des prévenus du "clan" Booba, d’origine haïtienne.
L'audience a commencé. L’audience, prévue à 13 heures, a commencé avec près d’une heure de retard, jeudi après-midi à Créteil. Séparés par trois autres prévenus au premier rang du tribunal, Booba et Kaaris ont été invités à décliner leur identité. Chemise à carreaux, jean, bras croisés sur la table, Booba est entouré de six de ses proches, également impliqués dans la rixe. Vêtu d’une chemise blanche, Kaaris comparaît au côté de trois autres prévenus de son "clan", tous habillés en noir.