À la veille de la présentation par Édouard Philippe du contenu détaillé de la réforme des retraites, les opposants au projet ne désarment pas. Ce mardi marquaient la sixième journée consécutive de grève. Des manifestations ont eu lieu partout en France et les transports publics demeuraient très perturbés. Une manière de garder le gouvernement sous pression, après la forte mobilisation du 5 décembre, quand plus de 800.000 manifestants, selon les chiffres officiels, avaient défilé à travers le pays.
Les informations à retenir :
- Seulement 20% des TGV et des Transiliens circulaient; à Paris, neuf lignes de métro sur seize étaient totalement fermées mardi
- Édouard Philippe doit présenter mercredi "l'intégralité du projet" de réforme, un nouveau jour de grève est prévu
- Des manifestations ont eu lieu un peu partout en France mardi, avec une affluence en repli
Des manifestations prévues dans toute la France
Quels que soient les chiffres, ils sont en baisse. Selon le décompte du ministère de l'Intérieur, quelque 339.000 personnes ont manifesté en France mardi, dont 39.000 à Paris, lors de la deuxième journée nationale d'actions contre la réforme des retraites. La place Beauvau avait dénombré 806.000 manifestants, jeudi 5 décembre, dont 65.000 dans la capitale.
La CGT dénombrait quant à elle 885.000 manifestants sur tout le territoire (180.000 manifestants à Paris), contre 1,5 million le 5 décembre. Le comptage effectué par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias dénombrait quant à lui 27.000 manifestants à Paris.
Les premiers cortèges ont commencé à défiler à la mi-journée, notamment à Marseille où, selon notre correspondante sur place, la manifestation était également de moindre ampleur que jeudi dernier. "On est dans une grève qui va durer. Et pour qu'une grève dure, il faut savoir économiser les troupes", explique sur Europe 1 Patrick Rué, responsable chez FO, qui parle d'une grève par "roulement".
A Paris, les manifestants ont défilé dans le calme, entre Invalides et Denfert-Rochereau. Contrairement à celle de jeudi qui n'avait pu démarrer pendant plus de deux heures à cause de heurts place de la République, le cortège, plus clairsemé, a avancé vite et dans une ambiance détendue.
De "fortes perturbations" à la SNCF et à la RATP...
Après une journée de lundi marquée par des quais noirs de monde, et des métros et RER bondés, la situation fut à nouveau très compliquée dans les transports. Selon la SNCF, seuls 20% des TGV et des Transilien pouvaient circuler mardi. Un quart des cheminots (24,7%) étaient en grève à la SNCF, où plus de trois quarts des conducteurs (77,3%) et plus de la moitié des contrôleurs (55,4%) étaient grévistes.
Du côté de la RATP, neuf lignes de métro restaient totalement closes. Seules les lignes 1, 14 et Orlyval (navette pour l'aéroport d'Orly) fonctionnaient normalement. Les lignes 4, 7, 8 et 9 étaient "assurées partiellement aux heures de pointe", c'est-à-dire de 6h30 à 9h30, puis de 16h30 à 19h30. Les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7bis, 10, 11, 12 et 13 étaient fermées. Un quart des bus seulement était en circulation, au lieu de la moitié prévue la veille par la régie autonome, en raison de plusieurs dépôts bloqués par des manifestants.
>> LIRE AUSSI -Un conducteur de métro non-gréviste témoigne : "On nous fera la misère si on vient travailler"
Le trafic aérien était également perturbé, Air France ayant annoncé l'annulation de quelque 25% de ses vols intérieurs et 10% de ses moyens courriers.
... Qui vont se poursuivre mercredi
Le trafic SNCF sera encore "très perturbé" mercredi, avec un TGV sur quatre et un Transilien (RER SNCF et trains de la banlieue parisienne) sur cinq "en moyenne" en circulation, a par ailleurs annoncé la direction mardi dans un communiqué. Au septième jour consécutif de la grève contre la réforme des retraites, il y aura trois liaisons sur dix sur le réseau des TER, "essentiellement assurées par bus", a précisé la direction. La SNCF prévoit de faire rouler un train Intercités sur quatre, tandis que le trafic international sera "perturbé".
Le trafic sera aussi toujours très perturbé du côté de la RATP, avec 10 lignes de métro fermées. Seules les lignes automatiques 1 et 14 fonctionneront normalement, de même que la ligne Orlyval (navette pour l'aéroport d'Orly). Les lignes de métro 4, 7, 8 et 9 "seront assurées partiellement aux heures de pointe" (06H30/09H30, 16H30/19H30). Les lignes 2, 3, 3bis, 5, 6, 7bis, 10, 11, 12 et 13 seront fermées. La moitié des bus circuleront.
Blocages en série, les enseignants toujours en grève
Sept des huit raffineries françaises étaient bloquées mardi, selon la CGT, qui appelle également aussi les salariés d'EDF à faire grève et à manifester. "Il s'agit de raffineries Esso et Total, donc de salariés du privé", a souligné Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral de la CGT Chimie, pointant "la communication du gouvernement qui veut faire croire que seuls les salariés des régimes spéciaux sont mobilisés". Une porte-parole d'Esso a évoqué un "impact très limité à la raffinerie de Fos avec uniquement les expéditions bloquées et pas de mouvement interne à Gravenchon". La raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique), qui fonctionnait normalement lundi, est repassée en grève reconductible de 24 heures pour demander le retrait du projet de réforme des retraites.
A Marseille, des dockers en grève ont bloqué deux portes d'accès au Grand port maritime.
Pour cette nouvelle journée d'action interprofessionnelle, l'accueil des enfants dans les écoles et les crèches était également perturbé, avec un taux de grévistes de 12,5% attendu dans les écoles en moyenne, 35% à Paris, selon le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer. Dans le secondaire, le taux de gréviste monterait à un peu plus de 19%. Des chiffres que contestent les syndicats, qui évoquent 30% et 62% de syndicat dans le primaire et le secondaire. "Il est normal que les chiffres soient inférieurs aujourd'hui car la contestation s'inscrit dans la durée", a affirmé Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
L'intégralité du projet de réforme présenté mercredi
Mardi, le président de la République Emmanuel Macron et le Premier ministre Édouard Philippe recevront les ministres les plus concernés par la réforme et les dirigeants de la majorité à un dîner de "calage". Mais pour l'exécutif, la journée cruciale sera celle de mercredi, lorsqu'Édouard Philippe présentera "l'intégralité du projet" de réforme, à midi devant le Conseil économique et social.
Et le chef du gouvernement a dores-et-déjà prévenu mardi, devant des députés LREM : il n'y aura pas "d'annonces magiques". "Ce n'est pas parce que je fais un discours (mercredi midi) que les manifestations vont cesser. Ce discours va même susciter de nouvelles questions. Et c'est normal. Il y aura des questions et il y aura des débats dans l'hémicycle sur des sujets légitimes", a-t-il déclaré.