La prise de position présidentielle hérisse une partie du monde de la justice. S'exprimant jeudi devant la communauté française en Israël, Emmanuel Macron s'est engagé à intensifier sa lutte contre l'antisémitisme, et est revenu sur le meurtre de Sarah Halimi, sexagénaire juive tuée 2017, et dont le suspect s'est vu déclaré pénalement irresponsable en décembre par la cour d'appel. Une décision qui a provoqué une forte émotion dans la communauté juive, et que le président de la République a semblé remettre en cause, en souhaitant un procès dans cette affaire. Une déclaration que dénonce Céline Parisot, présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM). "Ce n'est clairement pas son rôle", dénonce-t-elle au micro d'Europe 1.
"Il n'appartient clairement pas au président de la République de se prononcer sur une procédure pénale en cours", réagit-elle, rappelant que la chambre de l'instruction a statué "après avoir entendu les parties, les experts, etc". "Aujourd'hui le président se permet de critiquer cette décision (...) ce n'est clairement pas son rôle", cingle-t-elle encore. "Le président de la République est censé être le garant de l'indépendance de la justice, et certainement pas lui donner des directives".
"Une erreur"
"Le devoir du président de la République est de veiller à ne pas porter atteinte à l'autorité des décisions de justice qui ont été rendues", abonde pour Europe 1 Christian Saint-Palais, président de l'Association des avocats pénalistes, selon qui la prise de position d'Emmanuel Macron est "une erreur".
Pour l'avocat, "bien sûr que ce meurtre a créé une émotion considérable dans ce pays, mais la justice s'est mobilisée pendant des mois pour tout comprendre de ce qui s'est passé". Et de déplorer qu'Emmanuel Macron "ait cédé à cette facilité de répondre à une émotion, aussi légitime soit-elle".