Les images ont provoqué de nombreuses condamnations. Lors des manifestations de la semaine dernière contre la vaccination obligatoire des soignants et le pass sanitaire, la virulence de certains opposants a marqué les esprits. "Non au pass nazitaire", "fausse pandémie, vraie dictature", pouvait-on notamment lire sur certaines pancartes, tandis que certains tracts ou participants ont détourné l'étoile jaune, ce symbole de l'oppression des Juifs par les nazis. Invité lundi d'Europe 1, le grand rabbin de France Haïm Korsia a lui aussi fait part de son indignation. Et regrette la "banalisation" des persécutions subies pendant la Seconde guerre mondiale.
"Tous ces amalgames sont dangereux et scandaleux", estime-t-il, notamment parce qu'ils "poussent à une forme de banalisation". "Par rapport à ce qu'il s'est passé pendant la Seconde guerre mondiale, à l'organisation de la déportation et du massacre des Juifs, la pire des choses, c'est la banalisation, de considérer que tout se vaut", poursuit le responsable religieux.
"Inadmissible"
Dénonçant des images "qui cherchent à choquer et créer une forme de rejet", Haïm Korsia rappelle qu'alors que le vaccin "a vocation à mettre tout le monde dans des rapports humains retrouvés", "comparer cela à l'étoile jaune, qui était une façon de sortir quelqu'un de la société, est inadmissible".
Questionné sur la possibilité d'un dialogue avec ces manifestants les plus radicaux, Haïm Korsia se montre plutôt pessimiste. "Je ne crois pas qu'on puisse parler à des gens tellement convaincus", répond-il. "Ce qu'il se passe avec cette pulsion anti-vaccin de certains est très grave par ce qu'elle dit de la volonté de vivre dans une société, dans un groupe humain où chacun respecte l'autre", dit-il encore.
"Aucune idée ne peut progresser avec de la violence"
Pour le grand rabbin de France, "on peut défendre une idée, mais utiliser ces arguments délégitiment la moindre idée. Quand on en arrive à porter une étoile jaune, c'est qu'on est que dans la provocation et la violence". Or, conclut-il, "aucune idée ne peut progresser avec de la violence".
Faut-il, dès lors, tenter de traduire les personnes concernées en justice ? Pas nécessairement si le mouvement cesse rapidement, estime l'invité d'Europe 1. "Mais si ça continue, et qu'on voit que c'est un mouvement pensé, coordonné, il faudra être capable de définir des responsabilités."