Evacuation de Sainte-Rita, l'église parisienne des animaux

L'archevêque Dominique Philippe lors d'une bénédiction, en 2014
L'archevêque Dominique Philippe lors d'une bénédiction, en 2014 © FRANCK FIFE / AFP
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Margaux Lannuzel avec AFP
Pendant une vingtaine d'années, elle a été la seule église de Paris à accepter chiens, chats, mais aussi tortues et zèbres. Alors que sa destruction semble imminente, retour sur l'histoire de Sainte-Rita. 

Dans la nef centrale de l'église du 15e arrondissement de Paris… un lama. Les photos insolites prises à Sainte-Rita ne manquent pas. Pendant vingt ans, elle a été la seule à accueillir les animaux, domestiques ou non. Murée en 2015 après que son propriétaire, l'association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, l'a vendue à un promoteur immobilier, l'église a ensuite été occupée par des opposants à sa démolition. L'expulsion de ces derniers par les forces de l'ordre, tôt mercredi matin, semble marquer une étape décisive dans l'histoire de ce lieu de culte... un peu particulier.

Un bébé tigre. "J'avais constaté que les grands-mères attachaient leur chien à la grille de l'église lorsqu'elles venaient à la messe", explique l'archevêque Dominique Philippe, à l'origine de l'initiative d'accueillir les animaux. "J'ai donc décidé de les laisser entrer avec leur bête. Et puis tard, j'ai eu l'idée de célébrer la messe des animaux". A la première communion, le prêtre en bénit "une centaine". Quinze ans plus tard, lors de la bénédiction annuelle de novembre, devenue un évènement, "l'église était pleine, tout comme la rue. Il y avait plus de 800 animaux, chiens, chats, chevaux, moutons, mais aussi des furets, rats, serpents et oiseaux", poursuit le prêtre, assurant avoir même communié un bébé tigre !

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Fermée pendant douze ans jusqu'en 1988, date de la signature d'un bail avec la communauté anglicane de Mgr Philippe, l'église Sainte-Rita s'est ainsi faite un nom. La réputation du seul lieu de culte de France à bénir les animaux a dépassé la capitale, puis les frontières de l'hexagone. "Des Chinois, des Américains, des Japonais veulent absolument se marier chez nous !" racontait l'archevêque en 2012. Au-delà de cet évènement ponctuel, de nombreux fidèles venaient accompagnés de leurs bêtes à la messe du dimanche, dite en latin.

 

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Une vingtaine de chiens. La dernière de ces messes a eu lieu en octobre 2015, sur le trottoir du bâtiment muré, en présence d'une centaine de personnes et d'une vingtaine de chiens. Un an plus tôt, le tribunal de grande instance de Paris avait donné six mois à la communauté pour partir, avant que la trêve hivernale ne prolonge un peu ce sursis. Depuis, le début des travaux a été retardé par des manifestations, puis par l'occupation sauvage des lieux par une trentaine de personnes. À la place de l'église au style néogothique devraient bientôt pousser des immeubles d'habitation.