Les féminicides se multiplient et laissent un sentiment d'impuissance des politiques. Ce fut encore le cas vendredi à Colmar. Sur Europe 1, Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes plaide pour que la dangerosité des hommes violents soit mieux prise en compte et que les acteurs soient mieux formés à la prise en charge des violences conjugales. Pour elle, il faut que les personnels soient "formés, volontaires et même sélectionnés" pour que les plaintes soient mieux considérées.
"On a tendance à banaliser ces faits"
"Il faut vraiment considérer qu'un violent conjugal est dangereux" et ce n'est pas suffisamment le cas, actuellement, estime Ernestine Ronai. Elle rappelle que dans l'une des récentes affaires médiatiques, comment souvent, la femme avait porté plainte pour "injure, crachat et sentiment d'être suivie". Or selon, elle, malheureusement, "on a une tendance à banaliser" ces faits et à ne pas les prendre en compte alors qu'il faudrait au contraire que les "violences conjugales soient sur le dessus de la pile des plaintes".
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La responsable de l’Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes appelle donc à ce que la dangerosité des hommes violents soit prise en compte "dès les premières violences révélées, qui ne sont jamais les premières violences subies". Pour cela il faut que le personnel judiciaire et les forces de l'ordre soient mieux formés. "Il faut qu'ils soient formés, volontaires et même sélectionnés pour avoir des retours efficaces", selon Ernestine Ronai, qui plaide aussi pour plus de moyens à destination de ces secteurs.
Mieux utiliser les outils en place
Cela permettrait notamment de rendre les services et dispositifs d'urgence plus accessibles. Elle pense notamment aux lignes et sites dédiés : le 17, le 114 par sms, arretonslesviolences.gouv, ou encore le téléphone grave danger dont elle préconise un déploiement plus massif. "Je demande qu'il y en ait 5.000 contre 800 actuellement". Elle estime que depuis la dernière campagne de communication, les femmes appellent plus à l'aide, y compris leur entourage, mais, souligne Ernestine Ronai, "il faut que les structures puissent répondre aux appels".
D'autres dispositifs comme le bracelet anti-rapprochement ou l'ordonnance d'éloignement doivent aussi être mieux utilisés, selon elle. Enfin, elle demande à ce que "ceux qui sont chargés de protéger (gendarmerie, police, justice) mais aussi les services sociaux, les associations qui jouent un rôle très important et les hôpitaux", communiquent mieux entre eux afin "d'améliorer le sort des femmes victimes".