Des femmes cardinales, est-ce pour bientôt ? Anne Soupa avait ouvert le débat après avoir postulé auprès de l'Église pour prendre la tête de l’archevêché de Lyon à la place du cardinal Barbarin. Mercredi, dans son sillage, ce sont sept femmes qui ont postulé à différents postes de la hiérarchie ecclésiastique réservés aux hommes. Le but : dénoncer le patriarcat au sein de l'Église. Un geste avant tout politique, puisque ces candidatures "n'ont pour l'instant aucune chance d'aboutir", explique ce jeudi sur Europe 1 Christine Pedotti, directrice du magazine "Témoignage Chrétien".
Des fonctions réservées aux hommes...par habitude
"Le droit canonique [de l'Église, ndlr] est très clair et stipule que toutes ces fonctions (diacre, curé, nonce, évêque...) ne peuvent être occupées que par des hommes", rappelle-t-elle. Une règle qui repose essentiellement sur... "l'habitude" d'après la membre du comité de soutien d'Anne Soupa, "puisqu'aux origines de la première communauté chrétienne, les femmes ont tenu des rôles très importants : chef de communauté, diacres, et même apôtres". D'ailleurs, le titre officiel de Marie-Madeleine est "apôtre des apôtres".
Ce n'est donc pas un hasard si deux millénaires plus tard, ces sept femmes ont choisi de postuler le jour de la fête de cette femme dont le rôle a été "largement passé sous silence", au point d'en faire une prostituée, alors que "les textes de l'Évangile ne le disent jamais".
"On est traité rigoureusement par le mépris, de façon officielle"
Mais "considérer la moitié de l'humanité comme incapable" pose aujourd'hui "un vrai problème dans nos sociétés qui mettent les femmes à tous les postes, de la conductrice de bus à la présidence de la Commission européenne", pointe la spécialiste en évoquant Ursula von der Leyen, la première femme à ce poste. Pourtant, il semble que le message ait quelques difficultés à parvenir jusqu'au hautes sphères de l'Église.
"Ça fait plus de dix ans que le Comité de la jupe lutte pour la dignité des femmes dans l'Église catholique : on écrit très régulièrement aux évêques ou au nonce, mais on n'a jamais eu de réponse. On est traité rigoureusement par le mépris, de façon officielle. L'institution fait comme si la question des femmes n'existait pas."