Le procès de Jean Mercier débute mardi devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne. Cet homme de 87 ans est jugé pour avoir aidé son épouse, Josanne, à se suicider en absorbant des médicaments. Elle souffrait de dépression, d'arthrose lombaire et avait beaucoup de mal à se déplacer. Deux semaines avant, elle s'était cassée le bras en tombant et a fini par demander à son mari de l'aider à mourir. Ce qu'il a fait. C'était le 10 novembre 2011. Mais la justice a considéré qu'il devait être poursuivi pour "non-assistance à personne en danger et homicide involontaire". Avant l’ouverture de son procès, Jean Mercier a décidé de se confier à Europe 1.
EDIT 22/09 17h23 : Le tribunal a requis une peine minimum de trois ans de prison avec sursis contre Jean Mercier
"Mon cas ne relève pas de la justice". Quatre ans après les faits, cet octogénaire ne regrette rien et affirme ne pas redouter la justice des hommes. "Je veux être tranquille, je me fiche de ce qui m’arrivera à l’issue de ce procès", assure-t-il. "J’estime que mon cas ne relève pas de la justice théoriquement. ‘Non-assistance à personne en danger’, moi je dirais presque ‘assistance à personne en danger’. J’ai fait ce qu’elle avait demandé. Elle est certainement beaucoup plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été".
"Elle souffrait vraiment tellement". "Elle était malade depuis très longtemps et depuis 15 jours, elle souffrait tellement", rembobine Jean Mercier. "Elle s’était cassée un poignet en allant aux toilettes la nuit. Elle était toujours dépressive. La souffrance va avec la dépression. Un jour, elle m’a dit le plus tranquillement du monde : ‘apporte-moi mes médicaments’. J’ai compris. Surtout qu’elle a dit ça d’un ton très tranquille. Ce n’était pas un moment d’égarement. Elle m’a dit : ‘j’en ai assez, je suis au bout’. J’ai été les chercher, je les lui ai donnés et elle a pris ses médicaments".
"Un acte d’honneur". Elle a perdu conscience "tout doucement, au bout d’un quart d’heure, vingt minutes", se rappelle Jean Mercier. Quand on lui demande si son geste constitue un acte d’amour, il trouve que c’est "un peu grandiloquent". Et de conclure : "je dirais plutôt que c’est un acte de solidarité et d’honneur. On s’était promis de le faire chacun l’autre. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais eu honte de moi certainement".