L'absence de preuves. Voilà la ligne de défense de Nicolas Sarkozy, mis en examen mercredi dans l'affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Depuis 2011 et la réception à l'Elysée des opposants de Kadhafi, "je vis l'enfer de cette calomnie", a-t-il assuré, selon le verbatim de ses déclarations faites aux juges d'instructions, et publié jeudi par Le Figaro.
La manipulation de Kadhafi et de son entourage. "Je suis accusé sans aucune preuve matérielle", affirme l'ancien chef de l'Etat, qui a pris soin de souligner que pendant les sept mois de guerre en Libye rien n'est sorti, pas l'ombre d'une preuve. Nicolas Sarkozy dénonce donc la manipulation "de M. Kadhafi, de son fils, de son neveu, de son cousin, de son porte-parole, de son ancien premier ministre et […] de M. Takieddine". Ce dernier prétend d'ailleurs lui avoir remis en mains propres 1,5 million d'euros à l'époque où il était ministre de l'Intérieur, mais, toujours selon les déclarations de l'ancien locataire de la place Beauvau, il se tromperait en décrivant l'emplacement des bureaux au ministère.
Trois chefs de mise en examen. Nicolas Sarkozy est également convaincu que ces polémiques lui ont fait perdre la présidentielle de 2012 et la primaire de la droite en 2016. "J'ai déjà beaucoup payé pour cette affaire", assure-t-il. Un plaidoyer qui n'a pourtant pas empêché sa mise en examen pour "financement illégal de campagne électorale, recel de fonds publics libyens et corruption passive". Si les deux premiers chefs de mise en examen correspondent à la partie immergée du dossier, le troisième est à mettre en corrélation avec les rapports présumés de Nicolas Sarkozy et de plusieurs responsables libyens. En effet, les juges d'instruction considèrent qu'il y a dans ce dossier des indices graves ou concordant qui laissent penser que Nicolas Sarkozy a été acheté par le régime de Mouammar Kadhafi.
Un pacte de corruption. En échange de l'argent reçu pour sa campagne de 2017, Nicolas Sarkozy aurait donné ou promis une contrepartie : en l'occurrence, un pacte de corruption, conclu en 2005 dans un hôtel de Tripoli où il aurait rencontré, selon Ziad Takieddine, le chef des services secrets libyens, Abdallah Senoussi. Il aurait alors conclu un accord pour que cet homme, condamné à la perpétuité par contumace par la justice française dans l'affaire de l'attentat du DC10 d'UTA au Niger en 1989, qui avait fait 170 morts, ne fasse plus l'objet d'un mandat d'arrêt international. Si Nicolas Sarkozy a bel et bien effectué un voyage officiel à Tripoli en 2005, il récuse en bloc de telles accusations.