Faut-il autoriser le port du hijab lors des compétitions de football ? Le Conseil d'État français s'est penché sur la question lundi, en examinant le recours du collectif des "Hijabeuses" contre la Fédération nationale de football (FFF) qui leur interdit de jouer voilées. Ce collectif conteste devant la plus haute juridiction administrative du pays l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale". Le Conseil d'État rendra sa décision d'ici à trois semaines.
Ni "prosélytisme", ni "provocation"
Pendant l'audience, le rapporteur public, Clément Malverti, qui dit le droit et dont l'avis est généralement suivi, est allé dans le sens du collectif. Il a recommandé l'annulation de cet article 1 et demandé que la FFF modifie son règlement. S'il a estimé que la question pouvait se poser pour les joueuses sélectionnées en équipe de France, où elles représentent "la Nation" et effectuent "une mission de service public", la question est "autrement plus discutable" pour les autres joueuses licenciées de la FFF.
Il n'y a ni "prosélytisme", ni "provocation" dans le seul port du hijab, et aucune "exigence de neutralité" pour ces joueuses, a ajouté Clément Malverti.
"Tout ce qu'on veut, c'est jouer au football"
Contrairement à l'interdiction du port du voile dans les écoles notamment, ou la possibilité de suivre un enseignement privé autorisant les signes religieux existe, la FFF dispose d'un "monopole" sur l'organisation des compétitions, a rappelé le rapporteur public. Avec le règlement actuel de la FFF, les joueuses portant le voile sont "exclues", et "devraient renoncer à toute compétition et toute carrière". "Ce qui est recherché, c'est l'importation dans le football de revendications communautaires", une atteinte "au vivre ensemble", a répondu Me Loïc Poupot, avocat de la FFF.
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L'avis du rapporteur fait réagir la sphère politique. Au Rassemblement national, Laurent Jacobelli, dénonce l'entrisme de l'islam radical. "Je crois que rien n'est neutre, ni l'école, ni le sport, ni l'école, ni la vie en communauté. Il faut arrêter d'être naïf. Très souvent, c'est une façon de revendiquer quelque chose, lorsque l'on porte ce type de tenue. C'est pareil avec l'abaya à l'école. La volonté d'expansion de cet islam radical doit trouver face à la lui la fermeté d'une République laïque", a déclaré Laurent Jacobelli.
"Notre combat n'est pas politique, pas religieux, il concerne le sport et seulement le sport", a assuré devant la presse à l'issue de l'audience Founé Diawara, présidente du collectif de femmes musulmanes Les Hijabeuses. "Il y a des femmes qui chaque week-end sont exclues des terrains parce qu'elles portent un voile", a-t-elle souligné. "Tout ce que l'on veut, c'est jouer au football". Ces joueuses invoquent leur "liberté de conscience", garantie par la Constitution, et rappellent que la FIFA, l'instance mondiale du football, autorise depuis 2014 les joueuses à évoluer en compétition internationale avec leur voile.