À 79 ans, Françoise est une grand-mère comblée. Pourtant, tout n'avait pas bien commencé. Après une difficile épreuve, elle a senti le besoin irrépressible d'offrir son amour à un enfant qui n'avait pas de grands-parents. Depuis dix ans, elle est devenue la "mamie de cœur" d'Evan. Elle a raconté son expérience à Olivier Delacroix, mercredi, sur Europe 1.
"J'ai eu mon premier petit-fils il y a près de 20 ans. Puis mon fils a divorcé avec la maman, qui est partie vivre à l'étranger avec le petit garçon. On a donc été séparés, on ne le voyait plus. Pour moi, c'était un manque insupportable. Je ne pouvais pas imaginer que je ne le verrai plus. Je me suis dit : je ne vais plus avoir de petits-enfants. C'est un peu ridicule, car la vie n'était pas terminée, et la suite m'a contredite. Mais j'ai vraiment vécu une période très, très difficile.
Je suis issue d'une famille de sept enfants. En avançant en âge, on a des rapports avec les frères, les sœurs, les neveux et nièces, les petits-enfants des frères et sœurs, et ça forme une immense famille. On a besoin de ce lien, on a vécu dans cette ambiance. Pour nous, c'est impossible de ne pas être entourés de cris et de sourires d'enfants.
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Un peu plus tard, j'ai entendu parler d'un site, qui s'appelait 'Super Grands-Parents', qui mettait en relation des enfants qui n'avaient pas de grands-parents, ou qui étaient très loin d'eux, ou avec qui les relations étaient très tendues, et des grands-parents de cœur. En me promenant sur le site, je me suis rendue compte que la personne qui l'avait créé avait déjà réuni environ 600 familles de cœur. C'était donc une réussite. Je me suis dit que c'était là que j'allais trouver mon petit-fils ou ma petite-fille. Le besoin était tellement fort que ça a été comme un appel.
Entre le moment où je me suis inscrite sur le site et celui où j'ai rencontré Evan, il s'est écoulé neuf mois. Le temps de faire un enfant. Ça m'a paru extraordinaire. Je me suis dit que cet enfant avait mis neuf mois pour venir à moi.
Nous avons d'abord échangé des courriers. Nous avons ensuite rencontré la maman d'Evan. Puis, elle nous a invités chez elle, un beau jour de juin. Avec mon mari, nous sommes arrivés avec des livres et une mousse au chocolat. J'ai eu le coup de foudre pour ce petit garçon. Ce petit bonhomme de deux ans, qui baragouinait… On l'a pris dans nos bras et on a passé une après-midi merveilleuse. Et quand on est partis, il nous a dit 'au revoir papy, au revoir mamie'. À ce moment, je l'ai regardé dans les yeux et j'ai commencé à pleurer. Je me suis dit : 'ça y est, c'est lui. C'est notre petit-fils. Et la belle aventure va pouvoir commencer'. Cette belle aventure dure depuis dix ans aujourd'hui.
Quelques années plus tard, mon fils est redevenu papa. Il a eu des triplés et une petite fille. J'ai pu continuer à tenir mon rôle de grand-mère. Je ne fais aucune différence entre Evan, qui a aujourd'hui 12 ans, et mes petits-enfants biologiques, qui ont 7 et 5 ans. Mais du fait de la différence d'âge, les rapports ne sont pas les mêmes. Avec les trois petits loupiots et leur petite sœur, on fait du coloriage, on va à la plage… Avec Evan, je pourrais parler de complicité, de malice, de confidences, de conseils. C'est un petit garçon qui n'a pas de papa. Quand on l'a rencontré, il n'avait pas de référence masculine. Nous sommes donc devenus ses référents. Nous avons équilibré cet enfant.
Mon fils a trouvé notre démarche magnifique. Il adore Evan. Et les autres petits-enfants l'adorent aussi. C'est une grande famille que l'on a formée.
Quand on devient grand-mère, ce n'est plus du sang qui coule dans nos veines, c'est du miel. Je suis devenue un énorme pain d'épices que mes petits-enfants grignotent tranquillement et allègrement. Et moi, je me fais dévorer avec bonheur.
Je voudrais apprendre à mes petits-enfants que la vie est une très belle chose. En tant que grands-parents, on n'est pas là pour les éduquer. On est là pour suivre la ligne de vie que leur a donnée les parents, pour leur inculquer qu'on peut faire des choses merveilleuses. On est là, ils peuvent compter sur nous. Et ils le pourront toujours."