Le président Emmanuel Macron a raison de s'inquiéter de la baisse de l'usage du français dans le monde. Invité dans Europe Soir Week-end samedi, alors que le chef de l'État participe au Sommet de la Francophonie en Tunisie, le romancier et académicien Jean-Marie Rouart apporte son regard sur le déclin de la langue de Molière, aujourd'hui cinquième langue la plus parlée dans le monde.
Pour lui, "ce qu'il y a d'ennuyeux avec Emmanuel Macron, c'est qu'il est quand même, lui-même le responsable" de cette baisse de la pratique du français, tonne-t-il au micro de Pierre de Vilno.
"Choose France", "start-up nation"... Des expressions qui ne passent pas
Alors que le président a présenté samedi un "projet de reconquête" de la langue, l'académicien, auteur notamment de Mes Révoltes (éditions Gallimard), rappelle que le chef de l'État avait utilisé l'expression "Choose France" pour un sommet d'entreprises à Versailles, et qu'il a employé l'expression de "start-up nation". Jean-Marie Rouart évoque en outre un rapport de l'Académie française sur la communication institutionnelle. "Dans tous les ministères, les administrations et les institutions, c'est le franglais" qui est utilisé, dénonce-t-il.
Selon l'académicien, ce mix entre français et anglais "est en train de tout contaminer et de détruire la langue française qui dans un temps, je vous l'annonce, sera une langue morte", assure-t-il sur Europe 1.
"Nous sommes les premiers à détruire notre propre langue"
"Les francophones sont navrés parce qu'ils voient la langue française à la fois minée par le franglais, et pas la non-résistance des pouvoirs publics qui ne cessent de parler en franglais", poursuit l'académicien, qui se remémore la période de la crise sanitaire. "Au moment du Covid, tous les ministres parlaient de cluster", note Jean-Marie Rouart, qui pointe également l'arrivée de l'écriture inclusive.
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Si la langue française s'est toujours enrichie de nouveaux mots venus de l'étranger, l'écrivain dénonce un effet néfaste sur la syntaxe. "Vous remarquerez une chose monstrueuse, et je ne vois pas Emmanuel Macron s'en indigner, c'est la Sorbonne !", s'exclame-t-il, avant d'étayer : "Elle ne s'appelle pas l'université de la Sorbonne, mais 'Sorbonne Université', qui est du franglais". Le romancier énumère de même l'exemple de l'aéroport de Metz-Nancy-Lorraine, qui se nomme Lorraine Aéroport.
Ces formules, pour l'académicien, ne respectent pas la loi Toubon de 1994 relative à l'usage de la langue française. "C'est à qui de les faire respecter ? C'est au président, aux ministres !", continue l'académicien au micro d'Europe 1. "Comment voulez-vous que les malheureux francophones nous fassent confiance ? Nous sommes les premiers à détruire notre propre langue", assène Jean-Marie Rouart.