L'homme qui a ouvert le feu sur des policiers, tuant l'un d'entre eux et en blessant deux autres sur les Champs-Elysées, à Paris, jeudi soir, est un Français de 39 ans, Karim C., abattu par des tirs de riposte des forces de l'ordre. L'assaillant, qui a été condamné à de la prison pour tentative d'homicide contre des policiers, n'était pas fiché "S" et ne présentait "pas de signe" de radicalisation pendant sa détention.
Pas fiché "S" et "pas de signe" de radicalisation en prison. Sans profession, Karim C. était en tout cas bien connu des services de police, et de la justice. L'homme, un récidiviste manifestement obsédé par l'idée de s'en prendre aux forces de l'ordre, n'était pas considéré comme un islamiste radicalisé.
"Karim C. n'était pas fiché "S" et n'avait pas présenté tout au long de sa période d'incarcération, donc pendant une période de quasiment 14 ans, (...) de signes de radicalisation ou de signes de prosélytisme pendant toutes ces années de détention", a expliqué le procureur François Molins lors d'une conférence de presse.
Visé par une enquête antiterroriste. Karim C. avait été arrêté le 23 février dernier, après avoir affirmé en décembre à un proche vouloir "tuer des policiers en représailles de ce qui se passait en Syrie". Les enquêteurs ont alors perquisitionné son domicile et ont trouvé des couteaux de chasse, des masques, une caméra gopro et des serflex, a précisé François Molins. Ils n'ont cependant pas trouvé trace de consultation de site islamiste sur son téléphone ou son ordinateur. À l'issue de sa garde à vue, il est relâché, faute d'éléments.
Si Karim C. ne présentait "aucun lien avec la mouvance djihadiste", "son parcours justifiait la poursuite des investigations", a poursuivi le procureur. La section antiterroriste du parquet de Paris a donc ouvert en mars une enquête préliminaire confiée à la DGSI. Il avait également été convoqué par la justice en avril après avoir effectué un voyage en Algérie, alors qu'il avait l'obligation d'avertir la justice. Le juge ne l'avait cependant pas renvoyé en prison. Karim C. avait expliqué s'y être rendu pour "se marier".
Condamné pour tentative d'homicide sur deux policiers. En février 2005, il avait été condamné en appel à quinze ans de réclusion pour avoir tenté de tuer un élève gardien de la paix portant un brassard "police" et le frère de celui-ci. Les faits remontaient à 2001 : Karim C., circulant à Roissy-en-Brie, en Seine-et-Marne, au volant d'une voiture volée, avait pris la fuite après avoir percuté un autre véhicule. Armé d'un revolver, il avait grièvement blessé les deux frères qui tentaient de le rattraper. Deux jours plus tard, il avait tenté de tuer un autre policier, après avoir saisi son arme durant sa garde à vue.
Après sa sortie de prison en juillet 2013, il avait commis, trois mois plus tard, un vol aggravé qui s'était soldé par une course-poursuite avec des policiers. En juillet 2014, il avait été condamné à Meaux pour ces nouveaux faits à quatre ans d'emprisonnement, dont deux ans de sursis avec mise à l'épreuve.
Pas fanatisé, selon son voisinage. Sorti de prison en 2015, Karim C. est décrit comme un voyou, mais pas un fanatisé par les habitants de son quartier de Chelles, en Seine-et-Marne. "Il n'a rien à voir avec Daech. Il n'a jamais fréquenté les mosquées", assure l'un d'eux. "Il a une rancune avec les keufs (sic). Ils lui ont fait la misère. Il n'est pas parti en tant que terroriste, il avait une rancune, tout simplement", explique un autre. Ce qui semble certain, c'est qu'il a très mal supporté sa détention. Il se faisait très discret depuis son retour dans le voisinage, il y a quelques années.
La revendication de l'EI pose question. Dans son communiqué diffusé pour revendiquer l'attaque, l'Etat islamique fait pourtant référence à "Abu Yussef le Belge", qui n'est donc pas Karim C., français. Un homme avait été signalé par le parquet fédéral belge à ses homologues français. Mais l'individu s'est présenté dans un commissariat belge après avoir vu son identité circuler sur les réseaux sociaux, et a présenté un alibi jugé fiable. "Il était à sont travail", a expliqué un porte-parole du parquet fédéral. Le lien entre cet homme et l'attaque des Champs-Elysées a donc été écarté.