Les chiffres sont affolants. Entre 25 et 30% de la nourriture produite chaque année pour la consommation humaine - soit environ 1,3 milliard de tonnes - est perdue ou gaspillée. Un chiffre en hausse de 40% depuis 1970 et qui représente 200 calories par jour et par individu, selon un rapport provisoire du Giec. Les experts de l'ONU sur le climat se réunissent à partir de vendredi à Genève autour de cette question : comment nourrir une population toujours plus importante sans détruire la nature ? Car si le gaspillage alimentaire est un acteur méconnu du changement climatique, ses impacts sur l'environnement sont bien réels.
Quand gaspillage alimentaire rime avec pollution atmosphérique
Produire, transformer, conserver, emballer, transporter, voire même cuire… pour ensuite jeter : toutes ces actions ont un coût sur notre empreinte carbone. Si le gaspillage alimentaire était un pays, c'est simple, il serait le troisième plus gros pollueur mondial, derrière les États-Unis et la Chine. La nourriture non consommée représente en effet 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Selon le rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), publié en 2013, cela équivaut donc à environ sept fois le volume de CO2 émis par la France.
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Le gaspillage augmente aussi, de manière indubitable, la quantité de déchets produits. Or, la plupart des systèmes de traitement utilisés aujourd’hui, comme les décharges ou l'incinération, génèrent de la pollution dans l'air, mais aussi dans l'eau et le sol.
Un gaspillage des ressources en eau
Gaspiller de la nourriture revient d'ailleurs à gaspiller de l'eau. La nourriture produite non consommée engloutit chaque année 250 km3 d’eau, soit le débit annuel du fleuve Volga, en Russie ou trois fois le lac Léman.
Pour se faire une idée, il faut environ 1.000 litres d'eau pour produire un kilo de farine. Jeter une baguette de pain équivaut donc à jeter une baignoire entière. Pour un kilo de viande rouge, le chiffre monte même à 70 baignoires, si l'on prend en compte l'eau consommée par les bêtes et utilisée pour la production des aliments qu’elles consomment.
La nourriture gaspillée occupe par ailleurs 1,4 milliards d’hectares de terres, soit 28% des terres agricoles mondiales. Autant d'espaces qu'il convient d'arroser, donc. Sans compter les engrais et autres pesticides utilisés, souvent au détriment de nos écosystèmes.
Des conséquences économiques
Enfin, qui dit gaspillage alimentaire dit évidemment gaspillage d'argent. Selon la FAO, cette perte coûte près de 1.000 milliards de dollars (900 milliards d'euros) chaque année.
Pour la France seule, cela représente 16 milliards d’euros par an, d’après une étude de l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME). Le consommateur étant responsable de 45% du gâchis, chaque Français jette donc chaque année 108 euros à la poubelle.
Au rang des produits les plus jetés figurent les racines et tubercules, ainsi que les fruits et légumes (45%), puis le poisson (35%). Enfin, 30% des céréales et 20% de la viande ne sont pas consommés