Une centaine de personnalités réclament à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de "lever le voile" sur "le nombre de manifestants et de membres des forces de l'ordre" hospitalisés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", dans une tribune publiée mercredi sur Mediapart. Parmi les signataires, le journaliste Edwy Plenel, l'écrivaine Annie Ernaux, l'acteur Swann Arlaud ou encore la cinéaste Dominique Cabrera qui, aux côtés de syndicalistes, de sociologues, etc., dénoncent "l'épisode de répression le plus violent depuis 1968" à l'oeuvre selon eux "dans les rues de France".
"Vivre avec des gueules cassées". "Une Marseillaise est décédée, Zineb Redouane, des lycéens ont été éborgnés, des ados sont mutilés, des femmes et des hommes apprennent à vivre avec des gueules cassées, avant des mois, voire des années, de réparations esthétiques", s'indignent-ils, en référence aux dégâts causés par l'utilisation controversée du lanceur de balle de défense (LBD) et de grenades lacrymogènes par les forces de l'ordre durant les manifestations de "gilets jaunes". "Choqués" par le "silence" de "l'administration de la santé publique", ils demandent à "l'État, et en particulier au ministère de la Santé (...), de lever le voile maintenant sur le nombre de manifestants et de membres de forces de l'ordre" hospitalisés depuis le 17 novembre 2018 et "le type de blessures dont ils souffraient". Mais aussi sur le nombre de personnes "qui ont subi des dommages irréversibles (éborgnement, diminution de l'acuité visuelle, surdité, diminution de l'acuité auditive, amputations, etc.)".
"Que toute la vérité soit faite". "Nous espérons que tous persisteront à soulever ces questions pour que la vérité, rien que la vérité, toute la vérité soit faite", concluent les signataires. Samedi, plusieurs dizaines de milliers de "gilets jaunes" ont défilé à travers la France pour dénoncer les violences policières, au lendemain de la décision du Conseil d'État de maintenir l'usage du LBD. Selon le collectif militant "Désarmons-les", 20 personnes ont été gravement blessées à l’œil - la plupart éborgnées - par la police depuis le début du mouvement. Plus de 3.000 personnes ("gilets jaunes" et membres des forces de l'ordre) ont été blessées depuis le 17 novembre, selon les chiffres officiels. La tribune a donné lieu à une pétition sur change.org qui avait recueilli plusieurs dizaines de signatures en quelques heures.