Les "gilets jaunes", indifférents au débat national lancé par Emmanuel Macron pour répondre aux revendications sociales de leur mouvement, ont défilé par milliers lors de leur vingtième samedi consécutif en dépit des interdictions de manifester visant à éviter les violences.
Une mobilisation en baisse
La vingtième journée de mobilisation sociale des "gilets jaunes" a réuni 33.700 manifestants en France, dont 4.000 à Paris, un chiffre en baisse par rapport aux 40.500 recensés la semaine dernière, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Les "gilets jaunes", qui contestent depuis le début de leur mouvement le 17 novembre les chiffres officiels, ont quant à eux recensés 102.713 personnes descendues dans la rue samedi, selon un chiffre provisoire indiqué sur la page Facebook du "Nombre Jaune".
"Malgré des menaces très sérieuses, cette nouvelle journée de manifestation des gilets jaunes a pu se dérouler dans le calme grâce à la mobilisation des forces de l'ordre: les attroupements ont pu être dispersés, la loi respectée, la liberté de manifestation assurée", s'est félicité le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.
Pas de heurts à Paris, des défilés sur tout le territoire
À Paris, le défilé s'est déroulé dans une ambiance bon enfant. La dispersion place du Trocadéro était émaillée de quelques jets de projectiles et tirs de gaz lacrymogène. À 17 heures, la police avait procédé à 32 interpellations, 21 verbalisations pour avoir manifesté sur le périmètre interdit et 11.945 contrôles préventifs, selon la préfecture. En région, la situation s'est parfois tendue, notamment à Bordeaux. Des accrochages ont eu lieu en fin d'après-midi dans ce bastion "jaune" que le maire avait décrété "ville morte" face à la menace de violences.
Le lanceur de balle de défense (LBD), arme controversée accusée d'avoir grièvement blessé des "gilets jaunes", a été utilisé deux fois à Besançon, selon la préfecture. Ailleurs sur le territoire, les autorités ont recensé 1.000 manifestants à Lille, 1.650 à Montpellier, 1.800 à Saint-Etienne et quelques milliers à Toulouse. Sur l'ensemble du territoire, 103 personnes avaient été interpellées en fin d'après-midi, et 26 placées en garde à vue.
21 gardes à vue à Avignon
C'était l'une des villes au centre de l'attention, samedi : alors qu'un arrêté préfectoral interdisait toute manifestation dans le centre-ville d'Avignon, 21 personnes y ont été placées en garde à vue pour des destructions, des violences ou des ports d'arme, selon la préfecture. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la cité des Papes selon les autorités, 2.000 selon les organisateurs. "Le bilan de cette journée à Avignon s'élève à 3 blessés légers, dont 1 policier de la DDSP 13, venu en renfort et 4 CRS contusionnés", a ajouté la préfecture dans un communiqué.
Hommage à Geneviève Legay à Nice
A Nice, où une manifestante a été grièvement blessée la semaine dernière au cours d'un rassemblement interdit, plusieurs centaines de manifestants ont défié les forces de police devant leur commissariat. Le cortège a marqué un arrêt à l'hôpital Pasteur, où est hospitalisée Geneviève Legay. Puis les manifestants se sont rendus à la caserne Auvare. Ils y ont demandé que le commissaire responsable des opérations la semaine dernière aille "en prison". La confrontation avec les forces de l'ordre a duré de longues minutes mais n'a donné lieu à aucun incident.