"Les gendarmes étaient complètement impuissants, la seule chose qu'ils arrivaient à faire c'était à les faire passer de rue en rue", témoigne auprès d'Europe 1 un commerçant des Champs-Elysées, désabusé. Samedi, "l'acte 18" des "gilets jaunes" a été marqué par un vif regain de violences sur l'avenue parisienne, théâtre de saccages, pillages et incendies volontaires. Alors que les autorités s'attendaient dès vendredi à une forte mobilisation, avec une présence renforcée de casseurs, une question se pose samedi : tout cela était-il inévitable ?
>>> LIRE AUSSI : Saccages, pillages, incendies volontaires ... Ce qu'il faut retenir de "l'acte 18" des "gilets jaunes"
Des demandes officielles systématiquement rejetées. Car les Champs-Elysées sont une vitrine pour les "gilets jaunes" et un trophée pour les "Black Blocs". Impossible, alors, d'éviter leur présence le samedi, a fortiori quand la manifestation n'est même pas déclarée. La seule fois où les autorités ont voulu filtrer l'accès des gilets jaunes à la plus belle avenue du monde, c'était le 1er décembre dernier, au début du mouvement. Les manifestants ont alors saccagé l'Arc de Triomphe et les avenues à proximité.
C'est justement pour éviter cela que depuis des années, la Préfecture de police rejette systématiquement les demandes de défilés sur les Champs-Elysées. Et les rares exceptions, comme en 2013 pour les opposants au mariage pour tous, ont été émaillées d'incidents, comme pour confirmer la règle.
Samedi, le plan des autorités était donc de laisser l'accès aux manifestants aux Champs-Elysées, afin d'éviter la dispersion des manifestants violents dans le reste de la capitale, et notamment qu'ils se mêlent à la grande Marche pour le climat. Toutefois, un commissaire dubitatif sur la méthode confiait à Europe 1 s'interroger sur le fait de laisser un si grand espace à disposition sans tenter de créer à un moment une nasse pour contenir les casseurs.
Protéger les personnes avant les biens. Pour les autorités, il n'existe pas vraiment de bonne option : boucler tout ce vaste secteur, c'est déployer des milliers d'hommes statiques, en laissant les casseurs agir ailleurs, tandis qu'ouvrir l'avenue, c'est subir les assauts des "Black Blocs" contre ce haut lieu du tourisme et du luxe.
Alors le mot d'ordre des forces de l'ordre reste de protéger les personnes avant les biens : éviter la casse, sauf si l'intervention est trop risquée, comme pour ce policier, samedi après-midi, frappé à terre et perdant son casque, alors qu'il voulait éloigner des pilleurs de joaillerie.
Des forces de l'ordre en nombre insuffisant ? Des critiques sur un nombre de forces mobiles inadapté commencent à jaillir depuis samedi. Environ 5.000 policiers et gendarmes étaient déployés à Paris, mais beaucoup étaient concentrés sur le bouclage d'un grand périmètre autour de l'Elysée et de la place Beauvau. D'autres sécurisaient la Marche pour le climat, de sorte qu'ils n'étaient pas si nombreux que cela sur les Champs-Elysées.
Par ailleurs, le syndicat Alliance dénonce de son côté le changement des munitions des lanceurs de balles de défense. Celles-ci auraient une portée de 7 mètres, quand les précédentes pouvaient toucher une cible à 40 mètres.
Plus de casseurs que prévu samedi
Samedi, le nombre de manifestants ultra-violents a en outre été supérieur à celui anticipé par les autorités. Là où les services de renseignement tablaient vendredi sur la présence de 600 à 800 "casseurs", il y en a finalement eu le double dans les rues de Paris, selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. 5.000 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés à Paris, avec plusieurs missions dont celles de sécuriser les abords du palais de l'Elysée et du ministère de l'Intérieur, ainsi que la "Marche du siècle" pour le climat. Elles ont été assurées.