Plusieurs milliers de "gilets jaunes" - près de 5.000 selon l'AFP - manifestaient samedi après-midi à Bordeaux pour l'acte 11 du mouvement, une mobilisation toujours soutenue marquée à la tombée de la nuit par des accrochages.
Accrochages sporadiques. D'un côté jets de bouteilles et pétards de quelques dizaines de manifestants souvent cagoulés et masqués et de "gilets jaunes", de l'autre des charges, lacrymogènes et canon à eau des forces de l'ordre, ont marqué la tombée de la nuit dans le centre-ville. Les accrochages étaient sporadiques. La place Pey-Berland, près de l'Hôtel de Ville, théâtre habituel de heurts plus ou moins intenses, a été dégagée par les forces de l'ordre en toute fin d'après-midi. L'AFP sur place a vu un blessé transporté en ambulance et constaté de nombreuses interpellations. Comme d'habitude, des centaines d'autres personnes, en arrière-plan, observaient la scène, filmant, prenant des photos.
Jeudi, le maire Alain Juppé avait lancé un appel à la "raison" et au "dialogue" aux manifestants, en pointant les "conséquences désastreuses" pour la ville des heurts réguliers. À propos d'un appel à manifester la nuit, baptisé "Nocturne chez Juppé", le maire avait souligné : "Manifester la nuit, c'est multiplier par dix les risques de dérapages graves".
La préfecture refuse de donner des chiffres. En début d'après-midi, plusieurs milliers de "gilets jaunes" - près de 5.000 selon l'AFP et les médias locaux - avaient manifesté, une mobilisation toujours soutenue dans l'un des bastions de la protestation en France. La préfecture de Gironde s'est refusée pour la première fois à donner des chiffres de mobilisation mais des journalistes de l'AFP, de même que d'autres médias, estimaient le cortège à près de 5.000 personnes. La semaine dernière, la préfecture avait comptabilisé 4.000 manifestants. La capitale girondine, un des bastions de la mobilisation, a rassemblé jusqu'à 6.000 personnes il y a deux semaines, selon des chiffres officiels.
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Une immense banderole "En route pour un monde meilleur". Ce samedi, les protestataires, au cris désormais habituels de "Macron démission", sont partis comme d'habitude de la place de la Bourse près de la Garonne. Précédés d'une centaine de motards, ils défilaient derrière une immense banderole proclamant "En route pour un monde meilleur". Une autre proclamait "Macron Destitution. Parce que c'est notre rejet", alors que s'agitaient drapeaux tricolores et panneaux demandant le RIC (Référendum d'initiative citoyenne).
"Rien ne bouge sur le pouvoir d'achat". David, 46 ans, employé dans l'agroalimentaire, et Corinne, 45 ans, qui travaille dans un établissement thermal, font régulièrement le déplacement de Gabarret, à une heure trente de route dans les Landes, pour venir manifester à Bordeaux. "On continue de venir, parce rien ne bouge sur le pouvoir d'achat", dit David à l'AFP, "cela fait 17 ans que je bosse, et il y a 17 ans, au SMIC, je vivais mieux qu'aujourd'hui avec les augmentations que j'ai eues depuis". Christian, 63 ans, retraité de la fonction publique de la grande banlieue bordelaise à Martignas, vient tous les samedis : "C'est la mobilisation sur la durée qui fera basculer quelque chose" en regrettant qu'il n'y ait "aucune décision concrète sur le pouvoir d'achat".
Maxime Nicolle présent sur place. L'une des "vedettes" du mouvement, Maxime Nicolle, dit "Flyrider", avait fait le déplacement de Bretagne. "À ceux qui disent que le mouvement s'essouffle, je dis regardez. Regardez ce qui se passe. On est au mois de janvier. On est toujours là. Et on sera là le temps qu'il faudra". La "clef ça va être la durée de la mobilisation et l'opinion politique internationale", dit-il, cette dernière "c'est quelque chose qui est en train de plomber le gouvernement français", a ajouté le militant qui "n'attend rien de plus que ce que tout le monde veut, pouvoir boucler ses fins de mois".
Pas de heurts. La manifestation se déroulait dans le calme, avec des forces de l'ordre très mobilisées. Ce samedi, un cordon de "gilets jaunes" bloquait l'accès à la rue conduisant à la mairie de la ville, où se sont concentrés presque chaque semaine par le passé, les heurts entre des manifestants et les forces de l'ordre.