La France a affirmé mercredi qu'elle espérait encore obtenir une modification de la proposition de la Commission européenne visant à reconduire pour dix ans l'autorisation du glyphosate dans l'UE, sans dire si elle voterait pour ou contre en cas d'absence de changements.
"Nous avons un objectif : sortir du glyphosate"
Bruxelles a proposé de renouveler jusqu'au 15 décembre 2033 l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne, sous conditions, après le rapport d'un régulateur estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire cet herbicide controversé. Ce texte sera soumis vendredi à un vote des États membres, qui peuvent l'adopter à la majorité qualifiée.
"Il y a toujours des négociations qui sont en cours et la France pèse de tout son poids pour que la copie européenne puisse tenir compte des remarques françaises", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres.
"Nous avons un objectif : sortir du glyphosate", et "nous voulons que ce soit effectif et opérationnel dès lors qu'il existe une alternative au glyphosate", a-t-il ajouté.
Il a refusé de dire quel serait le vote de la France si elle n'obtenait pas les modifications demandées. "Dès lors qu'on est en négociation et qu'on pèse pour que les termes du débat puissent être modifiés, je ne vais pas vous dire quelle serait notre réponse si nous n'y arrivions pas. On se bat pour ça aujourd'hui", a-t-il répondu. Il n'a pas non plus précisé concrètement quel texte serait acceptable pour Paris.
"Pas acceptable en l'état"
La secrétaire d'État chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, avait prévenu fin septembre que la proposition de la Commission n'était "pas acceptable en l'état". Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau avait lui insisté, début octobre dans une interview au magazine La France agricole, sur la position "pas d'interdiction sans solutions", estimant qu'en "agriculture de conservation des sols par exemple, il n'existe pas d'alternative au glyphosate".
Le glyphosate, substance active du célèbre Roundup de Monsanto -- racheté par le groupe allemand Bayer en 2018 --, très largement utilisé dans le monde, avait été classé en 2015 comme "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.
Son autorisation actuelle dans l'UE, renouvelée en 2017 pour cinq ans, devait expirer le 15 décembre 2022. Elle avait été prolongée d'un an dans l'attente d'une évaluation scientifique de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).