Delphine Batho n'est pas tendre avec l'exécutif. Dans le Journal du dimanche, l'ancienne ministre de l'Écologie de François Hollande s'attaque avec vigueur au bilan d'Emmanuel Macron en matière environnementale et regrette le refus des députés de graver dans la loi l'interdiction du glyphosate en 2021. Pour Delphine Batho, "le gouvernement a cédé aux lobbies".
Ce refus des députés est "une rupture qui heurte profondément la conscience écologique du pays", fustige la députée des Deux-Sèvres. "Le gouvernement avait dit que la santé environnementale était une ligne rouge. Elle a été franchie cette semaine". "Cette semaine, les intérêts de l'agrochimie l'ont emporté, ajoute-t-elle. Le gouvernement a cédé aux lobbies".
"Les batailles de couloir ne marchent pas". Concernant le rôle du gouvernement, Delphine Batho dénonce "une savante stratégie d'ambiguïté et d'empêchement". Tout en se montrant plus clémente envers Nicolas Hulot, qui s'est lui-même dit "déçu" du vote de l'Assemblée. "Où en serait-on s'il n'était pas là ? Il était le mieux placé pour tenter d'arracher à ce gouvernement un maximum d'avancées", reconnaît celle qui a récemment quitté le PS pour prendre la tête de Génération écologie.
Mais "si même Hulot, avec sa sincérité et sa popularité, n'y arrive pas, il faut en tirer une leçon : les batailles de couloir ne marchent pas", conclut-elle, avant d'appeler à "la mobilisation des Français" sur la question du glyphosate.
"L'écologie doit être centrale dans les choix de politique". Et de fustiger le décalage entre l'action du gouvernement et la parole présidentielle." On a des grandes déclarations sur la scène internationale, des promesses pour le long terme, et des lâchetés pour les décisions immédiates qui demandent du courage", regrette Delphine Batho. "L'écologie ne peut plus être un supplément d'âme pour les gouvernements. Elle doit être centrale dans les choix de politique économique et de santé publique", appelle-t-elle enfin.
Si l'Assemblée a rejeté l'inscription dans la loi agriculture et alimentation de la sortie du glyphosate en 2021, le Premier ministre Édouard Philippe a confirmé mercredi que l'engagement d'Emmanuel Macron serait tenu.