Non, ils ne reconnaissent pas les faits que leur impute la justice. Les ex-salariés de l'usine Goodyear ont contesté mercredi avoir séquestré deux cadres de l'entreprise pendant 30 heures, lors de leur procès en appel à Amiens, où des milliers de personnes sont venues les soutenir. En première instance, ces 8 ex-salariés ont été condamnés à neuf mois de prison ferme. Leur procès en appel s’est ouvert mercredi matin.
"Relaxez nos camarades". Ils étaient 10.000 selon la CGT, 5.000 selon la préfecture, a avoir fait le déplacement jusqu’aux marches de l’imposant tribunal de la préfecture de la Somme pour soutenir les accusés. Ces derniers ont d’ailleurs brièvement pris la pose, poing levé, en haut des marches, se considérant comme des boucs émissaires. Klaxon, mégaphone et cris des manifestants ont résonné : "Salariés licenciés, ça va péter !", "Relaxez nos camarades", pouvait-on notamment entendre.
Un village militant. Une bonne partie de la gauche non gouvernementale s'est retrouvée dans la capitale picarde, où François Ruffin, l'auteur de Merci, patron ! côtoie l'animateur de l'émission de France Inter Là-bas si j'y suis, Daniel Mermet, au sein d'un "village militant" avec tribune et écran géant dressé au parc Saint-Pierre. L'ambiance est conviviale, mais les messages envers le patronat et le gouvernement sont durs.
Un procès "à l'envers".Jean-Luc Mélenchon avait également fait le déplacement. "C’est un procès qui fonctionne à l’envers. Ceux qui devraient être dans le box des accusés, c’est ceux qui ont condamné les salariés à la mort sociale. Les personnes qui sont là vont aller en prison ferme, pour neuf mois, pour avoir défendu leur emploi", a déclaré à Europe 1 le fondateur du Parti de Gauche, qui a suivi les accusés jusque dans la salle d’audience. "Vous ne pouvez pas vous empêcher de ressentir un énorme sentiment d’écœurement en pensant à tous ceux qui devraient y être, en prison", a-t-il estimé.
La question de la séquestration. Entendus ce matin un par un, les ex-salariés de Goodyear ont tous adopté la même ligne ; s’ils reconnaissent que le contexte dans l’usine était extrêmement tendu, ils se défendent d’avoir personnellement retenus les deux cadres contre leur volonté. L’un des accusés lance même : "Pourquoi ils ne sont pas partis ? Pourquoi ils ne se sont pas levés ? Et bien, c’est à eux qu’il faut le demander." Une question qui ne leur sera pas posée, puisque les deux dirigeants ont, eux, retiré leur plainte en 2014, soit deux semaines après les faits.