Que ressortira-t-il du Grenelle des violences conjugales qui s'ouvre mardi, à Matignon, pour une durée de trois mois ? Avant l'ouverture de cette grande concertation, et au lendemain du 100e féminicide recensé par les associations depuis le début de l'année, Marlène Schiappa a décidé de mettre l'accent sur l'application nécessaire des lois existantes.
"Beaucoup de lois qui sont assez peu appliquées"
"En matière de violences conjugales, ce qu'on observe en France, c'est qu'on a beaucoup de lois mais qui sont assez peu appliquées", explique-t-elle sur Europe 1, mardi matin. "Tuer sa femme, pardon d'être un peu triviale, mais c'est déjà interdit dans la loi : ça vaut déjà des peines, c'est le meurtre par conjoint et c'est même une circonstance aggravante."
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"L'an dernier, nous avons renforcé la loi notamment pour protéger les enfants qui en sont témoins - et donc victimes - mais aussi pour protéger les couples qui sont des couples qui ne cohabitent pas sous le même toit", explique Marlène Schiappa, vivement critiquée lundi soir par la comédienne Eva Darlan, qui a fustigé l'inaction du gouvernement en la matière.
Schiappa demande une mobilisation "de tous les services"
Pour la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes, "la loi existe". "Maintenant, la loi doit être appliquée et c'est ce à quoi nous allons nous employer pour faire en sorte qu'on travaille moins chacun de son côté, qu'on travaille mieux ensemble : associations, police, justice, centres d'hébergement, services de l'État. Que tous ces services-là soient mobilisés."
L'un des problèmes soulevés par les associations féministes, qui devrait être au cœur des débats de ce Grenelle des violences conjugales, est l'accueil défaillant des victimes. "Surtout, qu'on prenne plus au sérieux les femmes victimes de violences conjugales", demande Marlène Schiappa sur notre antenne. "Beaucoup tirent sur la sonnette d'alarme mais elles ne sont pas assez prises au sérieux quand elles le font. C'est aussi ça un de nos enjeux."
La promesse de "financements supplémentaires"
Par ailleurs, la secrétaire d'État promet des "financements supplémentaires" pour la lutte contre les violences conjugales : "Il y a des problèmes d'hébergement, d'accueil dans les commissariats, de prise en charge dans la justice, de coordination… L'argent est un moyen et pas une fin en soi", prévient-elle. Mais "il faut construire de nouvelles politiques publiques" et "il faut les financer". "Là vient la question des moyens et il y aura autant de financements que de nouvelles politiques publiques", indique la secrétaire d'État.