À Grenoble, le phénomène de racket sur des entreprises du BTP est en plein expansion. 1:41
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Jean-Luc Boujon, édité par Philippe Folgado / Crédits photo : Arnaud Paillard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
À Grenoble, les entreprises du BTP qui travaillent sur certains chantiers dans les quartiers sensibles de la ville sont soumises à du racket par des groupes qui leur demandent de l'argent en échange de leur protection. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes, mais elles ont du mal à aboutir. Reportage sur un système quasi-mafieux. 

Le phénomène est en pleine expansion. À Grenoble, les entreprises du BTP qui travaillent sur certains chantiers dans les quartiers sensibles de la ville, sont de plus en plus soumises à du racket par des groupes qui leur demandent de l'argent en échange de leur protection afin que le chantier puisse se terminer sans problème. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes par la justice, mais elles ont du mal à aboutir en raison de l'omerta qui règne sur ces pratiques. Les entreprises préfèrent souvent payer plutôt que porter plainte. 

Les rackets se multiplient

Renzo Sulli était encore maire d'Échirolles, il y a un mois. Ces dernières années, il a vu se multiplier les problèmes de racket sur les chantiers des quartiers sensibles de sa commune : "On voit parfois arriver des gens qui viennent et qui vous proposent leurs services pour que vous soyez tranquilles, que le chantier se déroule bien". Pour obtenir ce qu'ils veulent, ces personnes utilisent les arguments classiques du racket : "On vous protège, on connaît le quartier, nous, on nous écoute". 

"Ils menacent les entreprises d'interrompre le chantier ou de foutre le feu à ceci ou cela. Et puis parfois, ce qui a été fait la veille est détruit ou abîmé dans la nuit. C'est cette pression-là. En échange, ces gens-là demandent par exemple de recruter quelqu'un du quartier. Ou alors, ça peut être du cash". Selon Renzo Sulli, l'an dernier, un groupe a demandé à une entreprise 40.000 euros : "On peut dire que c'est un système mafieux". Plusieurs entreprises du BTP sont concernées, mais personne dans le milieu n'ose parler. L'omerta est totale. 

C'est seulement hors micro, qu'un chef d'agence accepte de raconter qu'il vient d'arrêter un chantier à cause de menaces sur ses ouvriers et parce qu'on lui a aussi demandé de l'argent. Aujourd'hui, il avoue avoir peur pour lui, ses employés, mais aussi pour sa famille.