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Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France, pointe dimanche sur Europe 1 la responsabilité des gouvernements successifs dans la crise que traversent les services d’urgence, dont la moitié sont en grève.
INTERVIEW

Ce sont désormais plus de la moitié des services d’urgence qui sont en grève en France. 240 sur les 474 répartis sur tout le territoire, précisément. Les personnes réclament plus de moyens et plus de personnels pour poursuivre leur mission correctement. Pour Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France et invité dimanche matin d’Europe 1, cette situation résulte d’erreurs successivement commises par les autorités. "C’est la chronique d’une catastrophe annoncée", se désole le médecin.

Pour lui, l’erreur originelle a été commise en 2002. "Quand nous avions rencontré en 2002 le ministre de la Santé de l’époque, Jean-François Mattei, nous lui avions dit que s’il supprimait l’obligation de la garde des médecins en ville, nous aurions une explosion des passages aux urgences. Il y a eu 12 millions de passages aux urgences en 2002, on va terminer cette année avec 23 millions", pointe Christophe Prudhomme, qui refuse de cibler un seul responsable. "Nous sommes face à des gouvernements qui nous demandent de faire toujours plus avec moins."

"Il faut arrêter de nous vendre le tout ambulatoire. C’est un concept du 20ème siècle"

L’homme refuse toutefois de cibler un seul responsable. "Nous sommes face à des gouvernements qui nous demandent de faire toujours plus avec moins", accuse-t-il. "Le fameux déficit de la sécurité sociale, c’est une escroquerie intellectuelle. C’est la volonté de faire des économies, donc on réduit des budgets et on ne prend pas les mesures de réorganisation dont nous avons besoin", insiste Christophe Prudhomme. "On n’inventera pas les médecins qui n’existent pas, mais peut-être faut-il mieux les répartir sur le territoire. Il faut mettre les bonnes spécialités aux bons endroits. Il faut du personnel", énumère le médecin.

"Et puis il faut arrêter de nous vendre le tout ambulatoire. C’est un concept du 20ème siècle", dénonce enfin Christophe Prudhomme, qui s’élève contre la tendance à hospitaliser le moins possible les patients. "Au 21ème siècle, nous devons hospitaliser sont des gens de plus de 50 ans, qui ont des maladies chroniques. Quand vous avez une maladie chronique, on vous soigne mois on ne vous guérit pas. Et quand vous venez à l’hôpital parce que votre maladie décompense, vous avez besoin de lits.  La ministre doit comprendre qu’il faut qu’elle arrête de supprimer des lits", conclut le médecin.