Le baccalauréat 2019 va-t-il se dérouler dans des conditions normales pour les 743.000 candidats inscrits ? À trois jours de la première épreuve, le doute est permis, alors qu'une intersyndicale d'enseignants appelle à la grève de la surveillance du bac, lundi, pour protester contre la réforme Blanquer.
"Une décision vraiment difficile à prendre"
Pour faire face au risque d'une pénurie de personnels pour surveiller les épreuves, les proviseurs ont préféré prendre un maximum de précautions dans certains établissements. C'est le cas au lycée Saint-Exupéry de Marseille : fait exceptionnel, la totalité des enseignants, soit 180 personnes, ont été convoquées pour surveiller les épreuves alors qu'il en faudrait deux fois moins.
Dans l’académie d'Aix-Marseille, le Snes-FSU table sur 30% de professeurs grévistes parmi ceux qui sont convoqués pour surveiller les épreuves. Là-bas, la mobilisation s'annonce forte. "Je ne vais pas me présenter au lycée pour surveiller les examens", témoigne par exemple Caroline, professeur de philosophie et gréviste. "On a voté à 70 % pour se mettre en grève. C'est impossible de prévoir à l'avance combien on sera exactement mais c'est un lycée où les grévistes seront nombreux lundi. Pour nous, c'est vraiment une décision difficile à prendre, c'est un crève-cœur."
Blanquer "porte la responsabilité du mouvement"
Le Snes-FSU, qui appelle au mouvement, affirme en tout cas que l'objectif n'est pas de bloquer le bac et les candidats. "Nous n'avons rien contre les élèves", assure Laurent Tramoni, secrétaire académique du syndicat. "Nous voulons marquer le coup et nous adresser au ministre : 'Monsieur Blanquer, soit vous négociez, soit vous partez'. Nous allons dans le mur avec la réforme du bac et celle du lycée ; la rentrée risque d'être chaotique dans un certain nombre d'établissements. Nous faisons notre travail de lanceurs d'alerte."
" En tant qu'enseignant, on a préparé nos élèves toute l'année pour la réussite de ces examens "
"Le mouvement de lundi s'annonce très suivi", assure de son côté Ludivine Rosset, secrétaire académique du Snes pour l'Académie de Lyon et prof d'histoire-géographie à Décines, dans le Rhône. "Les collègues sont aujourd'hui très mobilisés, pas du tout contre les élèves. On a interpellé le ministre et on espérait qu'il entrouvre au moins la porte et qu'il nous écoute. De toute évidence, il ne le fait pas, c'est donc lui qui porte aujourd'hui la responsabilité du mouvement. C'est extrêmement rare, c'est même une modalité que l'on adopte jamais parce qu'en tant qu'enseignant, on a préparé nos élèves toute l'année pour la réussite de ces examens. Ce n'est pas une décision que l'on a prise à la légère", insiste-t-elle.
Un risque de blocage général ?
Faut-il pour autant s'inquiéter de voir les élèves empêchés de plancher sur les épreuves, lundi ? Ce risque est assez minime parce qu'il y a plusieurs centaines de milliers de personnels susceptibles de surveiller une salle. Des remplaçants peuvent donc être convoqués.
Le ministère a prévu jusqu'à deux fois plus de surveillants dans des secteurs où la grogne est la plus forte (comme Marseille, Toulouse ou Créteil). Par ailleurs, historiquement, les professeurs ont toujours eu des scrupules à perturber des épreuves pour lesquelles leurs propres élèves ont travaillé toute l'année.
Ils se peut que, par endroits, il n'y ait pas tout à fait le nombre requis de surveillants, lundi matin. Dans ces cas-là, les surveillants mobiliseront un surveillant affecté au couloir pour une salle d'examen, ou qu'il n'y ait qu'un professeur au lieu de deux dans une classe. Si les conditions de tenue d'un examen ne sont pas réunies dans un lycée, l'épreuve sera reprogrammée un autre jour, fin juin. Enfin, les personnels n'ont absolument pas le droit d'empêcher les candidats d'entrer. Si c'était le cas, les forces de l'ordre interviendraient.