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Stéphane Burgatt avec Manon Fossat
Les éboueurs de Marseille sont en grève et protestent contre la volonté de la métropole Aix-Marseille-Provence de les faire travailler trois heures de plus par jour pour un salaire inchangé. Un bras de fer entamé à cause d'une loi applicable au 1er juillet 2022, qui ordonne un passage du temps de travail aux 35 heures généralisées dans la fonction publique.
DÉCRYPTAGE

Les poubelles ont commencé à déborder lundi dans certains secteurs de Marseille où les syndicats ont entamé une nouvelle grève dans le cadre d'un bras de fer autour de leur temps de travail et des 35 heures avec la métropole d'Aix-Marseille-Provence. Les éboueurs protestent contre la décision d'augmenter d'environ trois heures par jour leur temps de travail pour le même salaire, soit 28 jours de plus chaque année. Près du Vieux-Port ou de la gare Saint-Charles, les habitants désespèrent de la situation.

C'est notamment le cas de Philippe. "C'est dégradant pour la Ville. Entre la chaleur et le nombre d'habitants... D'autant que ça amène des rats, des nuisibles. Ce n'est pas possible on ne peut pas rester comme ça, il faut trouver des solutions", peste-t-il. Ce qui met le feu aux poudres cette fois-ci, c'est une loi applicable sur l'ensemble du territoire au 1er janvier prochain pour un passage du temps de travail aux 35 heures généralisées dans la fonction publique, sauf quand des critères de pénibilité s'appliquent.

Des conditions de travail propres à la Ville

Et c'est précisément là-dessus que portent les négociations, selon le secrétaire général de FO Territoriaux, Patrick Rué. "On n'est pas à Annecy ou Elliant. Les conditions de travail n'ont strictement rien à voir. Vous avez affaire à une partie de la population très difficile. Il suffit de se promener dans les rues de Marseille pour voir l'état dans lequel elles sont. Vous vous faites caillasser, les agressions sont monnaie courante donc je regrette mais elle ne peut pas être comparée à toutes les villes de France", assure-t-il. Selon lui, le mouvement social est très suivi avec au moins 90% de grévistes dans les dépôts de la métropole, entre Aix, Marseille ou encore Martigues. 

Un avis que ne partage pas Guy Teissier, député LR des Bouches-du-Rhône et invité d'Europe Midi mardi. "Il s'agit tout simplement d'appliquer une loi de 2019 qui ordonne aux collectivités locales d'appliquer la loi à partir du 1er juillet 2022. Donc les manifestants devraient plutôt aller sous les fenêtres de la préfecture que devant le siège de la métropole qui ne fait qu'appliquer la loi. Parce qu'elle est la même pour tous", rappelle-t-il. 

"Une course au ramassage des ordures"

Quant au fait que des fonctionnaires cumulent un autre emploi en plus de leur métier d'éboueur, l'ancien président de Marseille Provence Métropole assure que c'est un secret de polichinelle. "A Marseille tout le monde sait ça et ce n'est pas forcément interdit. Mais ça peut entraîner pour certains une course au ramassage des ordures ménagères, de façon à finir plus vite pour se rendre sur leur autre lieu de travail", constate-t-il. 

Toujours est-il que le bras de fer semble inévitable pour FO, qui entend bien au regard des critères de pénibilité du ramassage des ordures dans la ville, négocier ce nouveau temps de travail applicable au 1er janvier.