La semaine promet d'être difficile. À partir de mardi, les syndicats appellent à une grève générale contre le projet de réforme des retraites. Selon la CGT, 265 manifestations sont déjà prévues mardi à travers la France. L'objectif pour les opposants à la réforme des retraites est de frapper plus fort que le 31 janvier dernier, dernière journée de mobilisation. La police avait alors recensé plus d'un million de personnes dans les rues et les syndicats plus de deux millions de manifestants.
Trafic "très fortement perturbé" à la SNCF
Les routiers ont rejoint le mouvement, certains syndicats comme Force Ouvrière-UNCP appelant à se mobiliser dès dimanche soir : des barrages filtrants provoquaient dès lundi matin ralentissements et bouchons près de Lille ou Rouen. SNCF et RATP ont annoncé dimanche une circulation des TGV et TER "très fortement perturbée" mardi, et "très perturbée" dans le métro et le RER en Ile-de-France.
Seul un train sur cinq circulera pour les TGV Inoui et Ouigo, idem pour les TER, et deux trains sur trois en moyenne sur les liaisons internationales Thalys et Eurostar. La circulation sera quasi à l'arrêt sur les Intercités et de nombreuses perturbations sont à prévoir sur les transiliens, avec entre un train sur trois et un sur dix selon les lignes. À Paris, la circulation des métros sera restreinte sur la plupart des lignes principalement aux heures de pointe, excepté les lignes 1, 14 et 4. Les RER compteront entre un train sur deux et un train sur trois côté RATP, et entre un sur trois et un sur cinq côté SNCF.
Dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols le mardi et le mercredi, de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse. Air France prévoit d'assurer près de 8 vols sur 10, dont la totalité de ses vols long-courriers, sans exclure "des retards et des annulations de dernière minute" .
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Les éboueurs, qui dépendent notamment de la branche des transports, sont appelés à la grève reconductible mardi, par la CGT.
La CGT-Énergie promet "une semaine noire"
Dans l'énergie, le mouvement a démarré vendredi après-midi à l'appel de la CGT, en raison du vote samedi soir par le Sénat de l'article 1 du texte sur la suppression des régimes spéciaux de retraite, dont celui des énergéticiens. Les baisses de production touchaient encore de nombreuses centrales lundi. Dimanche, elles ont atteint plus de 5.000 mégawatts sur les centrales nucléaires et thermiques, soit l'équivalent de cinq réacteurs nucléaires.
Mardi, les assemblées générales pourraient décider localement une "reprise en main du réseau" sans occasionner de perte de puissance, mais en ôtant des mains du gestionnaire du réseau RTE la possibilité de piloter les machines à distance, a indiqué à l'AFP la CGT-Energie, qui promet "une semaine noire". "Le but, ce n'est pas forcément de toucher les usagers, mais de montrer qu'on est bien présent partout, que le système est en difficulté et qu'on attend une réponse du gouvernement", a indiqué le syndicat.
Dans les raffineries, la CGT a également appelé à la grève reconductible avec pour objectif de "bloquer l'ensemble de l'économie", au niveau de la production, de la distribution et de l'importation de carburant. Dans un premier temps, les grévistes entendent bloquer les expéditions des raffineries vers les dépôts. Si le mouvement venait à durer, il pourrait entraîner l'arrêt de raffineries.
Toute la branche pétrole et chimie est appelée à faire grève, y compris dans le secteur pharmaceutique, et chez les avitailleurs, chargés d'alimenter les avions en carburants. Nouveauté dans l'industrie: l'appel à la grève dans l'ensemble de la métallurgie et notamment chez les géants du secteur aéronautique, automobile et sidérurgique. Le syndicat de branche espère voir le mouvement reconduit.
Des blocages sporadiques de lycées attendus
Le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, prévoit que plus de 60% des enseignants du premier degré seront grévistes mardi, dans les écoles maternelles et élémentaires. A l'inverse, pas de chiffres attendus pour les collèges-lycées, les enseignants du second degré n'étant pas tenus de se déclarer 48 heures avant. Les sept principaux syndicats enseignants ont appelé à "fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services" le 7 mars.
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Des blocages sporadiques par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facultés. Les organisations étudiantes et lycéennes ont appelé à "durcir le mouvement" contre la réforme avec une journée de mobilisation de la jeunesse le 9 mars.
Commerce et construction, nouveaux venus dans la contestation
Les fédérations CGT de la construction et du commerce ont rejoint l'appel interprofessionnel de la CGT à la grève reconductible. La mobilisation s'annonce incertaine dans ces secteurs. Dans le bâtiment, de l'aveu même de son secrétaire fédéral CGT, Jean-Pascal François, il est "plus difficile" de mobiliser sur les retraites que sur les salaires.
Trois des quatre terminaux méthaniers en France arrêtés pour "sept jours"
Trois des quatre terminaux méthaniers qui permettent d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en France, ont été mis à l'arrêt pour "sept jours", a indiqué lundi soir la CGT Elengy, qui proteste contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
L'arrêt de ces trois terminaux situés à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône pour deux d'entre eux, et à Saint Nazaire en Loire-Atlantique pour le troisième, bloque l'alimentation en gaz du réseau de distribution GRT Gaz, le déchargement des navires méthaniers et le remplissage des citernes de GNL.