L'approvisionnement en kérosène de l'Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie "devient critique" en raison des grèves dans les raffineries, a indiqué jeudi à l'AFP le ministère de la Transition énergétique qui est prêt à faire réquisitionner des grévistes.
Compte tenu de cette situation, le gouvernement a "pris un arrêté de réquisition" à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, mise à l'arrêt le week-end dernier et où les expéditions de carburants sont bloquées; "mais il n'a pas été décidé de le notifier à ce stade", a ajouté le ministère.
Les compagnies appelées à la précaution
"Le gouvernement suit la situation heure par heure et département par département avec les professionnels et les préfets. Nous intervenons de manière ciblée pour débloquer les dépôts qui sont entravés par des manifestants. Dès lors que les réquisitions ne pourront être évitées, nous prendrons nos responsabilités", a déclaré la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Les aéroports sont alimentés par un oléoduc qui part de Normandie. Il y a plusieurs points de chargement le long de ce pipe, il y a des dépôts d'importations au Havre et à Rouen et des raffineries TotalEnergies de Gonfreville et Esso ExenMobil de Notre-Dame-de-Gravenchon, les deux plus grosses de France.
De son côté, la Direction générale de l'Aviation civile prévient depuis plusieurs jours les compagnies aériennes que les réserves de kérosène dans les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et Paris-Orly sont "sous tension", les incitant à prendre leurs précautions, publiant deux "notices pour les missions aériennes" (NOTAM) à cet effet.
Selon les informations d'Europe 1, l'oléoduc fonctionne toujours à partir des réserves stratégiques de l'État. Chaque aéroport a aussi des réserves pour tenir une dizaine de jours lorsqu'elles sont remplies.
Des stocks sous tension
Mais pour les préserver, les compagnies aériennes doivent emporter un maximum de carburant depuis leur aéroport d'origine pour ne pas faire de plein lors de leur passage en région parisienne. "Les stocks de kérosène à Paris Charles-de-Gaulle sont actuellement sous tension. Pour éviter tout problème opérationnel, tous les vols à destination de Paris-CDG sont appelés à emporter le maximum de carburant depuis leur aéroport d'origine, dans la limite des capacités opérationnelles" de l'appareil, prévient ainsi la DGAC dans un message transmis le 17 mars.
Une NOTAM quasi identique et préconisant les mêmes mesures, a été publiée le lendemain pour Paris-Orly, soulignant qu' "en raison de problèmes de ravitaillement, les stocks de kérosène à Paris-Orly font l'objet d'une surveillance particulière".