Pour faire face aux "tensions d'approvisionnement" sur certains ingrédients à base d'œuf ou de volaille, dans un contexte d'épidémie de grippe aviaire, l'État va autoriser l'industrie agroalimentaire à changer temporairement les recettes de certains produits sans que les étiquettes ne le mentionnent dans l'immédiat, selon un communiqué publié lundi.
"L'épidémie de grippe aviaire, qui sévit en France depuis novembre 2021, affecte l'approvisionnement de l'industrie alimentaire pour la production de certaines denrées fabriquées à partir d'œufs ou d'ovoproduits" (produits obtenus à partir d'un composant de l'œuf), "ou d'ingrédients issus de volailles" comme la graisse de canard, explique la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans un communiqué.
Lorsque les mentions "sans OGM", "issu de l'agriculture biologique", "élevé sans traitements antibiotiques", "élevé en plein air" ou "origine France", ne sont pas respectées, l'information devra être "explicite" sur l'emballage en y ajoutant une étiquette ou en masquant la mention concernée par exemple.
En revanche, quand la mention explicite n'est pas possible sur un produit qui bénéficie d'une dérogation, une simple mention "DEROG" sera inscrite. Par exemple, dans un produit comme de la rillette de canard, l'Etat autorise à remplacer "une partie de la viande et/ou du gras de canard" par de la "viande et/ou du gras de poulet", sous réserve toutefois que le produit final "contienne un minimum de 40% de viandes de canard et 20% de gras de canard", détaille la DGCCRF.
Des recettes nouvelles mais validées par la Répression des fraudes
Le virus, qui a conduit à l'abattage de plus de 19 millions de volailles ces derniers mois, a aussi touché les filières en amont de l'élevage de volailles qui fournissent les poussins et les canetons, rendant les remises en production plus difficiles. Du fait de ces tensions, "certains fabricants sont contraints de procéder à des modifications de composition dans un laps de temps incompatible avec l'impression de nouveaux emballages" et les autorités ont donc décidé "pour garantir la continuité en approvisionnement des produits concernés" d'accorder "des dérogations temporaires à certaines obligations d'étiquetage".
Si le professionnel souhaite modifier sa recette, il devra la faire valider par la Répression des fraudes qui lui donnera une dérogation d'une durée maximale de trois mois, sous réserve que la modification ne mette pas en danger la sécurité des consommateurs et que les difficultés d'approvisionnement soient "avérées et importantes".
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L'État avait déjà autorisé ces derniers mois les industriels à modifier de manière temporaire la composition de certains produits alimentaires et cosmétiques utilisant de l'huile de tournesol, pour répondre aux difficultés d'approvisionnement du fait de la guerre en Ukraine, premier exportateur mondial d'huile de tournesol.
L'espace du site de la Répression des fraudes recensant les changements de recettes comptait lundi après-midi près de 4.500 références concernées: chips, gnocchis, sauces, produits transformés, poissons préparés ou desserts par exemple. Le tournesol est également présent dans de nombreux produits, comme les chocolats, sous forme de lécithine, un additif.