Guérison de sœur Bernadette Moriau : "Il y a toujours une espérance au bout du chemin"

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Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, la religieuse revient sur sa guérison, aussi soudaine qu'inexpliquée en 2008, alors qu'elle était presque paralysée depuis 40 ans.

Elle est officiellement le 70e miracle de Lourdes. Sœur Bernadette Moriau, aujourd'hui âgée de 79 ans, a été reconnue en février 2008 comme "miraculée", par l'évêque de Beauvais, Mgr Jacques Benoît-Gonnin. Dans Hondelatte raconte, retour sur l'histoire de cette religieuse dont la vie a changé du jour au lendemain.

"J'avais appris à affronter la douleur". C'est à 27 ans que les douleurs commencent à se faire ressentir. Des souffrances terribles. Dans le dos d'abord, puis, qui vont se répandre un peu partout dans le corps. Sœur Bernadette Moriau se retrouve quasiment paralysée, obligée de porter un corset, elle est sous morphine toute la journée. Lorsqu'elle marche, ses jambes sont parcourues de décharges électriques qui la tétanisent.

Comme elle le raconte dans son livre Ma vie est un miracle, sœur Bernadette a composé toute sa vie avec son handicap. "J'avais appris à affronter la douleur en communion avec Jésus-Christ", confie-t-elle au micro d'Europe 1. En juillet 2008, elle prend un train spécial direction Lourdes, sur conseil de son médecin. Elle est déjà allée là-bas. Mais les miracles, sœur Bernadette Moriau y croit pour les autres. Pas pour elle.

 

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"Je sens que Dieu me visite". Chaque année, 6 millions de personnes se rendent à Lourdes et parmi elles, 600.000 malades. Des personnes qui espèrent être guéries par la vierge Marie. Lors du sacrement des malades, alors qu'un prêtre vient poser sa main sur chacun des malades, dont sœur Bernadette, elle demande au Christ de lui donner la force de supporter la douleur. Dans son livre, la religieuse insiste. Elle ne demande pas de guérir, seulement de supporter l'épreuve qu'elle traverse depuis 40 ans. Elle se rend ensuite dans à la grotte de Lourdes, où elle est plongée dans une grosse baignoire taillée dans la roche. Une immersion qu'elle vit de manière très intense.

Vient ensuite l'étape de la bénédiction. C'est un moment très important, car on dit souvent que les guérisons ont lieu à ce moment-là. Le prêtre fait un signe de croix sur le front de sœur Bernadette. Et là, selon la religieuse, "il se passe quelque chose". "Je sens que Dieu me visite. (...) À ce moment-là, le Seigneur m'a parlé, il m'a dit : 'je vois ta souffrance et celle de tes frères et sœurs malades'", décrit-elle. Sœur Bernadette a bien conscience du caractère "surnaturel" de la chose mais elle le confirme : ce 4 juillet 2008, elle a fait une expérience directe de Dieu. "J’ai la certitude que c’est dans cette rencontre spirituelle que cela s’est passé", indique-t-elle aujourd'hui.

40 années de maladie effacées en 40 secondes. Lors de son retour vers Beauvais, sœur Bernadette est épuisée. Son corps est toujours meurtri par la maladie. C'est seulement trois jours après son retour vers Lourdes, dans la petite chapelle de sa congrégation, que le miracle va avoir lieu. Alors qu'elle prie, elle ressent comme une détente à l'intérieur d'elle-même : une immense chaleur qui part du cœur et se répand dans tout son corps. Sœur Bernadette ne comprend pas ce qui lui arrive.

De retour dans sa chambre, une voix s'adresse à elle et lui demande d'enlever ses appareils. Elle s'exécute. Elle dénoue son corset et enlève l'attelle qui maintient son pied droit, tordu depuis 40 ans. Il est redevenu droit. Mieux encore, elle n'a plus mal. Aucune douleur. Plus rien. Son corps lui obéit au doigt et à l’œil. 40 années de maladie effacées en 40 secondes.

Sœur Bernadette, encore stupéfaite de son état, alerte sa hiérarchie. À chaque fois, on lui demande la plus grande discrétion et de ne pas ébruiter ce qui lui arrive. Un dossier est établi pour le bureau des constatations médicales de Lourdes : c'est le temps de la vérification. D'abord par les médecins qui l'accompagnent depuis des années. Ils sont tous abasourdis et ne peuvent que remarquer la bonne santé de sœur Bernadette.

"Il y a toujours une espérance au bout du chemin". À Lourdes, elle est présentée à un amphithéâtre, devant une centaine de médecins et d’infirmiers. Ils prennent des notes, posent des questions. La religieuse ne le sait pas encore, mais ce n'est que le début. Ces vérifications vont durer dix ans. "Je crois que l’Église est prudente et qu’elle n’annonce pas un tel événement à la légère", souligne la religieuse.

Finalement, le processus se termine par un vote de 27 médecins. Estiment-ils que cette guérison est inexpliquée ? 26 répondront oui. Sœur Bernadette Moriau est reconnue officiellement comme miraculée. La 70e dans l'histoire de Lourdes. "J'ai accepté de parler pour témoigner des merveilles de Dieu et dire que rien n'est fini pour lui. Il y a toujours une espérance au bout du chemin", conclut-elle.