Quelque 3.000 taxis en colère se sont mobilisés jeudi contre la concurrence de l'application UberPop. Une colère qui s'est parfois muée en violences. Bilan : dix arrestations, sept policiers blessés dans des incidents, et 70 voitures dégradées. Vendredi matin, les syndicats de taxis restaient prudents sur une éventuelle poursuite de la grève. Porte Maillot à Paris, les chauffeurs sont restés mobilisés jusqu'à l'aube. Et maintenant ?
La nuit des taxis Porte Maillot. Une sorte de village s'est formé toute la nuit de jeudi à vendredi, Porte Maillot : entre les centaines de taxis garés aussi bien sur la route que sur le trottoir, les chauffeurs se sont organisés. Des chaises pliantes ont été installées, des tables ont été dressées et des parties de cartes s'improvisent sur des capots de voiture. Certains assuraient le ravitaillement en sandwichs et cafés, en faisant des aller-retour pour les taxis grévistes. Ironie de l'histoire, un UberPop s'est retrouvé perdu au beau milieu des taxis porte Maillot sur les coups de deux heures du matin. Il a très vite été pris à partie par des chauffeurs avant d'être escorté par un cordon de CRS. Bilan : deux pneus crevés et des inscriptions "Uber dégage !" tagués sur la carrosserie. Dans le courant de la nuit, les taxis ont commencé à lever le camp, un à un.
Au petit matin, la zone de la porte Maillot était toujours interdite à la circulation et quadrillée par un important dispositif de sécurité avec des CRS à chaque coin de rue. On ne comptait plus qu'une vingtaine de taxis sur place, remplacés peu à peu par le service de voirie affairé à effacer les stigmates de la veille.
Vers une poursuite du mouvement ? Les syndicats de taxi ont semblé prudents à propos de la poursuite de leur grève. L'Union nationale des industries du taxi (UNIT), qui regroupe un nombre important d'organisations professionnelles, à appelé ses adhérents à reprendre le travail "dès vendredi matin", considérant que "le climat de confiance a été rétabli" après l'entrevue avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve jeudi soir. "Nous avons obtenu des gages suffisants pour appeler à une reprise de l'activité", a ajouté l'organisation dans un communiqué.
Comme le président de la Chambre syndicale des artisans du taxi Christian Delomel sur Europe 1, Abdel Ghalfi de la CFDT appelle "les chauffeurs à lever le camp, pour nous la grève est levée". "Mais une partie des taxis veulent rester porte Maillot", a-t-il ajouté en fin de soirée, sans exclure de nouvelles "actions isolées". "Si un grand nombre de taxis veulent continuer, on les soutiendra", a prévenu Karim Asnoun (CGT). Plus radical, Ibrahima Sylla, de l'organisation Taxis de France, a assuré vouloir continuer le mouvement. La colère, à l'origine dirigée contre UberPop, se dirige désormais également contre les VTC. "Les taxis restent porte Maillot", a-t-il lancé.