Pour ses proches, cela ne fait aucun doute : Mamoudou Barry, un Guinéen de 31 ans, a bien été victime d'un crime raciste. Roué de coups peu avant la finale de la Coupe d'Afrique des Nations entre l'Algérie et le Sénégal, vendredi soir, le jeune enseignant-chercheur est mort le lendemain à l'hôpital de Rouen. "Effectivement, il y a eu des propos racistes faisant référence à la couleur de peau de M. Barry", confirme sur Europe 1 l'avocat de la famille, Me Jonas Haddad.
"Sales noirs"
De sources policières, Mamoudou Barry a été agressé vers 20h20 à Canteleu, dans la banlieue de Rouen. Selon un "ami proche" de la victime, Kalil Aissata Kéita, lui-aussi Guinéen et enseignant-chercheur à l'Université de Rouen, "l'agresseur les a pointés du doigt et a dit : 'Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir'".
Alors dans sa voiture en compagnie de sa femme, Mamadou Barry "est sorti, simplement pour avoir des explications sur le pourquoi de l'insulte qui a été proférée contre lui", poursuit Me Jonas Haddad auprès d'Europe 1. "Immédiatement, il s'est pris des coups de poings et des coups de bouteilles qui ont provoqué sa chute. Il est tombé la tête la première sur le sol, avec le rebord d'un arrêt de bus, ce qui a provoqué les blessures mortelles".
Un suspect turc interpellé
Lundi matin, un suspect de nationalité turque, né en 1990, a été interpellé à Rouen. Sous curatelle forcée, il présente des "antécédents psychiatriques" et est aussi connu pour des infractions à la législation aux stupéfiants. Selon une source policière, le suspect portait "un maillot du club turc de Galatasaray" au moment des faits. "Il faut vraiment que les enquêteurs fassent leur travail pour étudier les liens et les motifs qui ont conduit, d'abord à ces propos racistes, et ensuite à cette agression qui a conduit à l'assassinat de M. Barry", notait déjà le conseil de la famille avant l'interpellation.
Sur Twitter, plusieurs personnalités politiques, telles que le député LR Éric Ciotti, celui du Vaucluse Julien Aubert, ou encore Julien Odoul, membre du bureau national du RN, n'avaient de leur côté pas hésité à dénoncer "un crime raciste perpétré par des supporters algériens".
Le Dr #MamoudouBarry victime d’un crime raciste perpétré par des supporters algériens a été assassiné sous les yeux de sa femme à #Rouen!
— Eric Ciotti (@ECiotti) 21 juillet 2019
Scandalisé par ce crime barbare et l’incompréhensible silence médiatique ! #CAN2019pic.twitter.com/9aMytJPjlv
Et si on parlait d’un véritable acte raciste commis en France vendredi dernier ? Le Dr #MamadouBarry a été tabassé à mort devt sa femme à Rouen par des supporters algériens qui ont cru qu’il était sénégalais. C’était en France, en 2019. @CCastaner, voilà la haine. Qui en parle ? pic.twitter.com/YXJn21tqAK
— Julien Aubert (@JulienAubert84) 21 juillet 2019
Si #MamoudouBarry avait été tué par un Thomas ou un Enzo, sa photo serait placardée partout et les médias arrêteraient leurs programmes. Une journée de deuil serait décrétée et la Tour Eiffel s’éteindrait. Un crime raciste commis par un « supporter » algérien n’intéresse personne pic.twitter.com/UIsEzdmVVx
— Julien Odoul (@JulienOdoul) 21 juillet 2019
Enquête en cours
"Tout est mis en oeuvre pour identifier et interpeller l'auteur de l'agression (...) Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux", avait pour sa part déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, toujours sur Twitter, alors qu'une enquête policière a été ouverte. "Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l'émotion et l'indignation".
Tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression qui a coûté la vie à #MamadouBarry.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 21 juillet 2019
Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux.
Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation.
Mamoudou Barry était enseignant-chercheur à l'Université de Rouen-Normandie. Il avait soutenu une thèse de droit sur les "Politiques fiscales et douanières en matière d'investissements étrangers en Afrique francophone" le 27 juin dernier à Rouen, selon le site de l'Université. Âgé de 31 ans, il était marié et père d'une fille de 2 ans.