"En général, quand tu souffres d'une addiction, tu culpabilises. Et un cycle de honte, de mensonge, de culpabilité, de destruction de l'entourage se met en place. Je voulais dire aux gens qu'ils n'étaient pas tout seuls". Vendredi, au micro de Matthieu Noël sur Europe 1, le chroniqueur et écrivain Guy Carlier est revenu sur son combat contre la boulimie.
Grâce au soutien du médecin Jean-Michel Cohen, il réussi à perdre 125 kilos, alors qu'il en pesait 250. Une bataille qu'il raconte dans Moins 125, un livre sorti jeudi, à la veille de la journée européenne de l'obésité.
"La boulimie, c'est une addiction, la pire des addictions. Autant tu peux sortir du tabac ou de la drogue en n'en consommant pas, autant tu es obligé de manger ! Donc c'est un truc terrible", explique Guy Carlier. "En plus, c'est la moins glamour des addictions. On à l'image du gros à poil devant son frigo qui vide le truc, comme ça, en solitaire".
Il a fallu 9 mois pour j'arrive à comprendre et à me sevrer
Pour se sevrer de ses crises, le chroniqueur a passé neuf mois dans une clinique des addictions. "La boulimie est liée à une situation psychologique. Comme toutes les addictions, elle calme un sentiment d'abandon ou de vide affectif", explique Guy Carlier. Ainsi, pour la soigner, un régime ne suffit pas. "Jean-Michel Cohen m'a sauvé la vie car il m'a fait rentrer dans la clinique des addictions et non pas dans une clinique diététique qui peut résoudre éventuellement des problèmes de légère obésité mais pas de boulimie, qui est un problème d'addiction sévère. Il a fallu 9 mois pour qu'avec tout un travail psychologique, j'arrive à comprendre et à me sevrer de ces crises".
Durant ces neuf mois, Guy Carlier a notamment appris à s'aimer. "Aujourd'hui, je m'aime et je suis capable d'aimer les autres", confirme-t-il. "J'étais boulimique alimentaire et boulimique affectif également, c'est-à-dire que dès que je voyais une femme, je pensais que c'était la femme de ma vie. Je m'efforçais de la séduire et, compte tenu du statut, de la télé, je parvenais à la séduire. Mais rapidement, je la détestais d'aimer ce que moi je détestais donc j'ai fait beaucoup de dégâts collatéraux".
"Je ne suis plus tourmenté par la bouffe"
Sa starisation dans les années 2000 n'a rien arrangé. "J'ai rencontré un psy de pacotille qui m'avait dit que j'avais besoin de faire un métier public. A l'époque, j'étais directeur financier et je faisais 125 kilos. J'ai commencé par écrire des chansons puis il y a eu la radio et ça a marché très vite. Entre le moment où j'étais directeur financier et où j'ai fait de la télé le dimanche soir avec Marc-Olivier Fogiel dans l'émission On ne peut pas plaire à tout le monde, j'ai doublé mon poids. Ce qui prouve que ce n'est pas cette reconnaissance là dont j'avais besoin. Mais ça me permettait d'avoir un bénéfice secondaire et de ne pas me foutre en l'air".
Aujourd'hui, après ce passage à la clinique des addictions et une opération pour réduire la taille de son estomac, il se dit heureux : "Je mange normalement. Surtout, je ne suis plus tourmenté par la bouffe".